Plus ou moins (bien) faire
Défaire
Refaire
 
Voilà pour résumer sommairement la pratique que mènent Bevis Martin & Charlie Youle depuis près de cinq ans. Fervents arpenteurs du monde des brocantes et des vide-greniers dont ils reprennent les codes et les techniques de mise en scène, les deux artistes collaborent à la fabrication d’images et d’objets qui constituent désormais un corpus important d’éléments dans lequel ils viennent librement puiser pour ré-agencer de nouvelles installations.
 
Si leur production d’objets en céramique s’articule autour de différentes orientations – les instruments de mesure ; les organes du corps humain ; les grandes figures de l’Histoire ; la nourriture, bonne ou mauvaise – Bevis Martin & Charlie Youle précisent néanmoins qu’il s’agit là d’un « work in progress », un travail en cours d’élaboration, et certains éléments qui composaient par exemple les œuvres Healthy Eating ou Foods to Avoid peuvent désormais se retrouver intégrés dans de nouvelles œuvres.
Le désarroi qui en résulte chez le spectateur, qui plus est chez le collectionneur – le marché ayant besoin de ses fétiches – est encore redoublé par une autre de leurs stratégies qui consiste à créer des œuvres éphémères parcequ’elles ne leur appartiennent pas. Invités en 2007 dans le cadre de la biennale Estuaire, ils piochent dans le stock de mobilier urbain, signalétique, guirlandes, chaises et autres paravents des services municipaux de Nantes pour créer une gigantesque installation, un condensé folklorique de la mémoire de la ville. Même technique lorsqu’ils se font ouvrir les portes des réserves du Musée des Beaux-Arts, du Museum d’Histoire Naturelle et du Service des Expositions de la ville de Tours pour composer une œuvre qui réponde aux contraintes de l’exposition à laquelle ils étaient invités : produire une œuvre éphémère, unique, qui échappe au marché de l’art.
 
Dans la Random Gallery, A Secondary Education se veut un dispositif pédagogique à la manière de Bouvard et Pécuchet, qui parle de tout en même temps. « Nous sommes intéressés par l’étrangeté qui réside dans la transmission des savoirs, que ce soit à l’école, dans les musées ou ailleurs ». Pour Perspectives, présentée dans le cadre d'//interstices//, les deux artistes s’amusent encore de notre prétention à l’exhaustivité dans la connaissance en présentant trois œuvres oscillant entre Vanité et Nature Morte. Une carte du ciel dont les étoiles sont matérialisées par des points de pâtes crues, différentes planètes regroupées au mur, et quelques règles et équerres à dessin. Ces dernières sont réalisées en céramique recouverte d’un émail uni, de sorte que l’on se heurte à l’absence de repères de mesure que l’on s’attendrait à trouver…

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le site des artistes: www.martinandyoule.com

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