JAD FAIR CHANTE, DESSINE ET
DÉCOUPE
Sur la scène ce soir là (1), Jad Fair est
uniquement accompagné d’un batteur (toujours se méfier
des batteurs en short et aux jambes tatouées...), performer particulièrement
en forme il n’a pas besoin de plus pour retenir toute notre attention
et gagner notre totale adhésion. Parfois, ça tient de
la poésie chantée, murmurée, hurlée... parfois
Jad Fair prend sa guitare et là c’est par dessus, par dessous
le manche, on n’a jamais vu jouer ainsi de l’instrument...Il
y aura aussi deux reprises de Daniel Johnston et jad Fair a endossé
le T-shirt “Casper the friendly ghost”. A la fin du concert,
Jad Fair vend quelques CD et une série de dessins “beautiful
art by Mr Jad Fair”, en souriant, il précise qu’il
vient de les faire à L’hôtel...
C’est la page qui nous accueille lorsque l’on pénètre
dans le site (2): d’abord la photographie qui montre Jad Fair
nous présentant une de ses œuvres: papier découpé
en forme de cœur dans laquelle est dessiné cette fois un
visage. La photographie est entourée par un cadre en papier découpé
où alternent des motifs stylisés de cœur, étoiles,
oiseaux... Suit l’engagement de Jad Fair à porter haut
la bannière de la plus grande exigence en art et en musique.
Promesse est faite en cas de manquement de se raser les cheveux et de
porter ses vêtements à l’envers pendant une durée
d’au moins cinq années...
De Jad Fair, on connaît essentiellement l’activité
musicale avec son frère David au sein de son groupe Half Japanese,
sous son propre nom ou encore dans une de ses nombreuses collaborations
(avec Daniel Johnston, Yo La Tengo, Jay Mascis, The Pastels, Fred Frith,
Dim Stars...) on a vite compris qu’en musique c’est l’homme
qui tient ses promesses, enfin on a toujours remarqué la haute
qualité des pochettes des albums, souvent réalisées
à partir de ses propres compositions de papier découpé
L’une des raisons pour lesquelles j’ai commencé à
réaliser des papiers découpés est que je voulais
avoir quelque chose à faire pendant nos tournées. Tant
de temps est dépensé pour aller d’une ville à
l’autre, il est bon de savoir user de ce temps. J’ai des
problèmes pour dessiner dans une voiture qui roule mais ma main
est assez ferme pour me servir de ciseaux.(3)
Suit la liste des différentes activités artistiques de
Jad Fair, classées par rubriques: les humeurs d’Elvis (en
1993, l’album “The band that would be king” le montrait
déjà terrassant le king sur un ring de boxe), les dessins
d’oiseaux et de poissons, les robots, chien sur chien, cœurs
découpés avec dessins...Les papiers découpés
proprement dits sont classés en deux grands thèmes: les
monstres qui évoquent un univers entre les rites funéraires
et Jérôme Bosch, enfin les papiers découpés
à base le plus souvent de motifs décoratifs: cœurs,
oiseaux, étoiles...
J’aime les images simples. J’utilise les motifs des oiseaux,
des cœurs, des étoiles car ils sont facilement reconnaissables
et sont “upbeat”. C’est encore plus épatant
de cette façon.Je travaille de différentes façons:
certains découpages commencent par un dessin et sont découpés
au cutter, d’autres sont pliés et découpés
au ciseau. Au Mexique certains découpages sont faits au marteau
et au burin.
On pense aux très nombreuses régions du monde où
se pratiquent encore ces techniques traditionnelles, en Pologne par
exemple, les découpages de papier monochrome selon un axe vertical
et utilisant des motifs d’oiseaux, de formes végétales.
Le papier découpé est très populaire au Mexique.
On peut voir beaucoup d’art Mexicain au Texas. J’ai été
influencé par les découpages réalisés pour
le jour des morts. Quelques unes de ces images: funéraires squelettes,
monstres peuvent se retrouver dans mes œuvres. J’ai été
très impressionné par les papiers découpés
de Nikki Mc Clure, c’est une de mes artistes préférées.
Les quatre photographies sont reproduites page 122 du catalogue “Victor
Brauner” (MNAM 24 janvier - 6 mai 1996), il s’agit d’autoportraits
réalisés à Bucarest en 1936, les quatre sont magnifiques,
retenons pour cette fois celui où une ombre impressionnante donne
un climat si mystérieux à l’ensemble. Victor Brauner
pose, le visage encadré par un papier découpé,
sorte de créature à la symétrie monstrueuse et
attirante.