La production de M/M (Paris) est cumulative, se déploie de support en support, toujours en expansion. Il y est question des signes, de leur absolue plasticité et de leur rémanence. Jouant sur les échelles et les contextes, les oeuvres du duo établi par Michael Amzalag et Mathias Augustyniak en 1992, s’enrichissent par des transpositions de supports, de formes, provoquant autant d’effets de sens. Les expositions de M/M (Paris) fonctionnent ainsi autant comme une mise à jour de leur archive que comme un temps de pause durant lequel images et signes précédemment produits prennent de nouvelles formes et poursuivent leurs trajectoires.
L'exposition C’est Wouf ! est ainsi l’occasion d’un accrochage spécifique de leurs oeuvres en volume, autant d’éléments domestiques, fonctionnels ou contemplatifs. Au coeur de l'installation, Infinitable (Mise-en-abîme), 2011, propose un catalogue raisonné en miniature de leurs objets, mis en situation sur une réplique de la table de leur atelier. Autour de ce noyau en modèle réduit sont installés dans les espaces de la galerie des oeuvres emblématiques (Paravent, 2001), jamais exposées (Left/Right Hemisphere, 2007) ou spécialement produites pour l’exposition (Pouf (C'est Wouf!), 2013). Wouf, le personnage qui donne son nom à l'exposition, évoque et prolonge la figure de l'Agent (2000), personnage né d'un projet refusé devenu récurrent dans l‘oeuvre de M/M, et dont on imagine qu'il est le “meilleur ami”, incarnant paradoxalement une figure affective dans un registre de formes simpliste. Il est abrité — tapi — sous les structures présentant The Carpetalogue (2012), un ensemble de quatre tapis décomposant à l’échelle domestique les différents registres du langage plastique de M/M: dessin, géométrie, photographie, écriture.
Une édition limitée accompagne l’exposition, un recueil de 12 tatouages éphémères A Lifetime Upon M/My Skin, interroge la temporalité des signes, entre marquage indélébile et décor fragile. Une réaction aux appropriations spontanées dont leurs signes ont fait l’objet, ainsi qu’une récurrence du mythique Tattoo show qu’Air de Paris organisait en 1991 — soit encore une autre forme vectorisation. L’art de M/M (Paris) ne relève alors peut-être pas tant de l’espace que d’une certaine temporalité, pas tant de la nouveauté des formes que d’une forme très spécifique de mémoire, toujours ancienne, toujours changeante, toujours nouvelle.
Remerciements : Nation Literie et Print Unlimited.
Depuis 1992, M/M (Paris) a développé de nombreuses collaborations dans les domaines de la musique, de la mode, de l’art, du théâtre, de la presse, de l’architecture, du design… avant de créer sa propre maison d’édition en 2010.
Le Art Center College of Design Alyce de Roulet Williamson Gallery (Los Angeles) leur consacre actuellement une exposition. Des expositions personnelles leur ont été consacrées à la Gallery Libby Sellers (Londres), aux Silos de Chaumont, à Akbank Sanat (Istanbul), à la Ginza Graphic Gallery (Tokyo), au Drawing Center de New York, au Centre Pompidou (Paris), à Haunch of Venison (Londres), au Kunstveren de Francfort, à la Ursula Blicke Foundation (Kraichtal) au Cneai (Chatou)…
Leurs oeuvres ont été présentées dans de nombreuses expositions collectives : Dallas Contemporary, Biennale de Venezia, Le Consortium, Musée d’Art moderne de la ville de Paris, MMK Museum fur Moderne Kunst, The Art Institute of Chicago, la Triennale de Milan, le Walker Art Center…
Les oeuvres et travaux de M/M (Paris) sont présents dans les collections d’institutions telles que le Centre pompidou / Musée National d’Art Moderne à Paris, le Design Museum à Londres, le Museum of Contemporary Art à Miami, le Museum für Moderne Kunst à Francfort, le Museum fur Gestaltung à Zurich, le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, le Stedelijk museum à Amsterdam, La Tae Modern à Londres, et le Van Abbemuseum à Eindhoven. |