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Air de Paris


Florbelle (after Sade)
par Vincent Romagny
avec
Jay Chung & Q Takeki Maeda, Pierre Klossowski, Monica Majoli, Fabian Marti
Anne Laure Sacriste, Josef Strau, Benjamin Swaim, Virginia Overton


oeuvres présentées

ll ne nous reste rien du dernier roman écrit par le Marquis de Sade. Juste le titre - Les Journées de Florbelle ou La Nature dévoilée - et les indications qu'il s'était données lors de relectures. Ses Notes ne nous apprennent que très peu de choses sur le contenu du livre. Il s’agit d’indications qu’il s’adresse comme si elles venaient d’un autre, à l’impératif (“Otez, Rajoutez, Donnez, Peignez, Souvenez-vous…”). Il compte les feuillets, calcule le temps qu’il lui faudra pour en venir à bout, s’assure de la cohérence des actions avec la récurrence des personnages, tâche d’éviter des répétitions, décline des listes de lieux…

A proprement parler, il indique les opérations qu’il lui reste à faire pour corriger cet ultime roman. Ses Notes sont analogues à ses écrits, à leur structure. Il s’agit de descriptions d’opérations, dont l’énumération, le récit précède la réalisation. L’oeuvre manquante devient prescription, intention, liste – programmatique et potentielle, loin de la subversion qu’elle prépare et pourtant rend possible.

Bien que chronologiquement secondes, par la disparition du texte qu’elles annotaient, les Notes pour Les Journées de Florbelle sont devenues originales. Indices des fantasmes de Sade enfermé dans l’asile de Charenton, elles deviennent elles-mêmes objet de fantasmes, malgré leur dimension spécifiquement textuelle. Elles nous forcent à opérer un recul critique : l’amendement d’une oeuvre en est devenu une. Les Notes venaient “après”, elles se sont affranchies de tout exercice de reprise. A cette condition elles permettent un après (after).

L’exposition Florbelle (after Sade) est alors l’occasion de lier une sélection d’oeuvres à autant de ces Notes : qu’il s’agisse de prints (Jay Chung & Q Takeki Maeda, Monica Majoli, Fabian Marti, Virginia Overton), d’une pièce inédite (Josef Strau), ou d’oeuvres choisies (Pierre Klosowski, Virginia Overton, Anne Laure Sacriste, Benjamin Swaim). Que ces oeuvres, quoique abouties, revêtent une forme préparatoire (Jay Chung & Q Takeki Maeda, Anne Laure Sacriste) ou soient le signe du temps de leur préparation (Fabian Marti, Virginia Overton, Josef Strau), elles n’en oublient pas pour autant la dimension irrationnelle (Pierre Klossowski, Monica Majoli, Benjamin Swaim) à laquelle elle n’en finissent pas de nous préparer.



Air de Paris

 


Florbelle (after Sade)
by Vincent Romagny
with
Jay Chung & Q Takeki Maeda, Pierre Klossowski, Monica Majoli, Fabian Marti
Anne Laure Sacriste, Josef Strau, Benjamin Swaim, Virginia Overton


works exhibited

Nothing has come down to us of the Marquis de Sade's last novel, except the title –Les Journées de Florbelle ou La Nature dévoilée (The Days of Florbelle; or, Nature Unveiled) – and jottings he made while rereading the manuscript. Suggestions addressed to himself as if coming from someone else, these Notes pour Les Journées de Florbelle–“Take out, Add, Intensify, Pare down, Remember” – tell us very little about the book's content. Sade counts his pages, calculates how long it will take him to finish, checks the action against the reappearances of the characters, strives to avoid repetitions, makes lists of places, and so on.

Strictly speaking, he is signalling the operations remaining for the editing of this last novel. The Notes are, structurally, just like his writings: descriptions of operations whose enumeration and narration here precede the effectuation. The missing work is thus transformed into prescription, intention, list: something programmatic and latent, far removed from the subversion it is working towards, even as it makes it possible.

While chronologically later, the Notes have been turned by the loss of the text they annotate into an original work. Clues to Sade's fantasising in the asylum at Charenton, they themselves become the subject of fantasy, despite their specifically textual aspect. They impose critical distance on us: the emendation of a work has become a work. The Notes that came "after" have been emancipated from all notion of rewriting. Given this, they allow an after.

The exhibition Florbelle (after Sade) is the opportunity to link a choice of works with an equal selection of Notes: prints (Jay Chung & Q Takeki Maeda, Monica Majoli, Fabian Marti, Virginia Overton), a brand new piece (Josef Strau) or a selected work (Pierre Klosowski, Virginia Overton, Anne Laure Sacriste, Benjamin Swaim). While some of these works, though accomplished, retain a preliminary form (Jay Chung & Q Takeki Maeda, Anne Laure Sacriste) or be the sign of the times of their preparation (Fabian Marti, Virginia Overton, Josef Strau), a place remains for the irrational side (Pierre Klossowski, Monica Majoli, Benjamin Swaim) for which they ceaselessly
prepare us.