Thomas BAYRLE a toujours cité son expérience dans une usine de tissage comme le détonateur formel de sa pratique artistique. Les entrelacs de fil, le motif de la chaîne de montage ont résonné avec la communication de masse, l´industrialisation de l´Europe des années 60 puis celle que connaît actuellement la Chine. Les fils sont devenus réseaux autoroutiers, les motifs apparaissant à la faveur de l´accumulation d´éléments de nature différente. Mais toujours le tout se retrouve dans la partie, par un isomorphisme permanent, kaléidoscopique et vertigineux.
Pour sa seconde exposition à Air de Paris, Thomas BAYRLE présente des oeuvres de différentes époques, rarement voire jamais montrées, ou alors très récentes.
Ainsi deux des rares peintures qu´il ait réalisées (1978, 1980) : peintes, repeintes… non finies car impossible à finir par nature. Dans la peinture de grand format Putzen, les voitures, répétées, multipliées font apparaître le terme allemand pour car-wash, mais donnent surtout lieu à la représentation d´un «rêve de voiture ».
Dans les grandes oeuvres en cartons tissés de la série chinoise (2005), les entrelacs de carton forment des caractères chinois qui entrent en résonnance avec l´image sérigraphiée. Forme et fond aboutissent à une paradoxale union.
Enfin, les oeuvres les plus récentes, de la série Agnus Dei, entrelacs d´autoroutes devenant autant de portées pour des partitions de chants monastiques du Moyen-âge, retrouvent l´inspiration mystique de ses grands collages de 1985 montrés ici pour la première fois : les reliques de photographies de motifs urbains donnent lieu à des grandes roses épanouies, qui rappellent la méditation d´Angélus Silésius «La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu´elle fleurit… » L´exposition met ainsi en évidence la portée métaphorique de cette expérience fondatrice de l´usine de tissage, ainsi que la dimension spirituelle que, dès le départ, et paradoxalement, il a lui toujours associé. En effet, la monotonie de la chaîne de montage renvoie pour lui à celle de l´expérience mystique , et pas seulement à celle du consumérisme et de la communication de masse.
Voitures, autoroutes, villes, motifs : autant d´éléments d´une même chaîne de montage. Le matérialisme historique tout autant que les plus grands mystiques l´ont toujours affirmé : tout est dans tout.
Né en 1937 à Berlin, Allemagne.
Vit et travaille à Francfort, Allemagne.
Artiste séminal de la scène artistique allemande, Thomas BAYRLE a eu de nombreuses expositions à travers le monde depuis les années soixante, incluant la Documenta III et IV. Récemment le MACBA de Barcelone, le MAMCO et le Museum Ludwig de Cologne lui ont consacré des expositions personnelles (2008 et 2009). Il a participé à la Biennale de Venise (Fare Mundi, 2009).
Ses oeuvres ont été acquises par de prestigieuses collections publiques (Museum für Moderne Kunst, et Städelmuseum, Frankfurt am Main, Museum Ludwig, Köln, MOCA, Los Angeles, Frac Limousin, Limoges et FNAC, Puteaux) et privées.
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Thomas BAYRLE has always cited his time working in a weaving plant as the formal trigger for his practice as an artist. For him the traceries of thread and the assembly line motif tie in with mass communication, the industrialisation of Europe in the 1960s and the similar process China is now undergoing. The threads have become freeway networks and the motifs are shaped by an accumulation of distinct elements; but the whole is always present in the part, the driving force being a full-time, dizzyingly kaleidoscopic similarity of form.
For his second Air de Paris show, Thomas BAYRLE is presenting works from the past that have rarely or never been exhibited, together with very recent pieces.
Among the former are two pictures from 1978 and 1980, painted and repainted – but unfinished because by their very nature they cannot be finished. In the large-format Putzen endless repetitions of cars form the German word for "car wash", but what they primarily offer is a kind of "car dream".
In the big woven cardboard works from his Chinese series of 2005, the interlacings crystallise as Chinese characters that chime with the silkscreened image in a paradoxical but accomplished union of form and content.
In the most recent works, from Bayrle's Agnus Dei series, intertwined freeways morphed into staves for medieval monastic chants signal a return to the mystical inspiration of the big collages of 1985, shown here for the first time: remnants of photographs of urban motifs give rise to big, full-blown roses reminiscent of Angelus Silesius's "The rose is without why; she blooms because she blooms." And so the exhibition foregrounds the metaphorical reach of that foundational factory experience, together with the spiritual dimension so paradoxically associated with it from the very outset. For him the monotony of the assembly line conjures up not just consumerism and mass communication, but also the mystical experience.
Cars, freeways, cities, motifs: all of them come together on the same assembly line. Historical materialism – just like the great mystics – has always insisted that everything is part of everything else.
Born in Berlin in 1937. Lives and works in Frankfurt.
A seminal figure on the German art scene, Thomas Bayrle has been exhibiting around the world since the 1960s, notably at Documenta III and IV. Recently MACBA in Barcelona, MAMCO in Geneva and Museum Ludwig in Cologne have organised solo showings of his work (2008, 2009). He also exhibited at the Venice Biennale in 2009.
His works have been acquired by prestigious private collectors and such leading institutions as the Museum für Moderne Kunst and the Städel Museum in Frankfurt; Museum Ludwig, Cologne; MOCA, Los Angeles; the Limousin Region Contemporary Art Collection in Limoges; and the National Contemporary Art Collection in Puteaux, France. |