5w4
2015-17
framed chromogenic print on Kodak Endura paper
105 x 80 cm
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FR
Depuis la fin des années 90, Torbjørn Rødland (né en 1970 à Stavanger, vit et travaille à Los Angeles) renégocie le réel en photographie. Avec une sensualité chirurgicale, il dépeint un érotisme du danger entre pur plaisir et véritable inconfort. Étrange narration que celle de sa quatrième exposition à Air de Paris dont les oeuvres suscitent
par de subtils et constants oxymores un vrai phénomène d’attraction autant que de répulsion. Intitulée Birthday Sleep, elle célèbre et place le pénis dans la tête (de verre), le crayon dans le nez (du commissaire d’exposition
mondialisé), l’adolescent post-pubère endormi enlaçant son ours (géant de peluche), les dents à pivots remplissant un cendrier (étoilé) dont le titre et la forme énigmatique incarnent l’ennéatype de l’artiste , elle orchestre le flirt de veines bodybuildées avec une résille (couleur chair) et nous présente une blonde vénitienne évoquant les traces de pas d’un sasquatch (au grand pied). N’est-ce pas là, le symptôme du siècle qui vient de commencer ? Nous avons tous rêvé de cette créature légendaire, vivant dans les bois, vierge de tout apprentissage,
de tout formatage et dont l’existence relève pour les scientifiques d’un simple folklore. Aussi belles qu’effrayantes,
les nouvelles photographies de Torbjørn Rødland élargissent notre rêve d’intimité et croyance dans l’image. Une proximité qui évite subtilement et fondamentalement, les sens unique de lecture, les sentiments unilatéraux. « En quoi consiste donc cette image ? En plusieurs calques de perception et d’identification » nous suggère l’artiste. En effet, ce qui semble correct est inséparable de ce qui ne l’est pas. Ce qui est vrai aussi. Un élément peut très bien être commun à plusieurs tirages, provoquer des émotions différentes, ses propriétés et qualités esthétiques finiront par les hanter, sans en devenir le sujet principal.
Birthday est donc à la fois un composant du titre de l’exposition, mais aussi le contexte d’apparition du dessin réalisé par ce jeune enfant, autant que le prétexte pour enfiler ses plateformes rosées. Ainsi, se déploie dans l’oeil du spectateur, un ressenti d’inquiétante étrangeté dont il devient immédiatement complice. Nous sommes à priori sensibles et définitivement associés à ce montage d’attraction – pure application de la théorie de la non-indifférente nature développée par Sergueï Eisenstein et désignant le collage de scènes selon leur fort pouvoir et impact visuel. Birthday Sleep poursuit par là-même le ballet du réalisateur russe en explorant une forme de réalisme psychologique, un face à face avec notre propre connaissance de l’image.
Torbjørn Rødland (1970, Stavanger, Norvège, vit et travaille à Los Angeles) a fait l’objet de nombreuses expositions
per- sonnelles et notamment à Henie-Onstad, Oslo, Norvège (2015); Kunsthall Stavanger, Stavanger, Norvège (2014); Mu- sée d’art contemporain de la ville d’Hiroshima, Japon (2010); Musée d’art contemporain, St. Louis, USA (2010) et P.S.1 Contemporary Art Center, New York, USA (2006). Ainsi que de nombreuses expositions collectives telles que What People Do For Money, MANIFESTA 11, Zurich, Suisse (2016); LIT, 9è Biennale de Berlin, (2016); Billboard, Whitney Museum of American Art, NY, USA (2016); Altars of Madness, Casino Luxembourg Forum d’art contemporain, Luxembourg (2013). La Serpentine Sackler Gallery, à Londres, lui consacrera une exposition personnelle à partir du 29 septembre.
1. Ennéatype est à l’origine, une figure ésotérique aujourd’hui diffusée comme méthode de développement personnel, elle fît son apparition
dès les années 70 aux Etats-Unis dans le courant de la psychologie humaniste.
2. Maurizio Cattelan, Torbjørn Rødland, Interview, Purple Magazine, Volume III, Issue 27, Paris, pp.115-118.
MC — What does an image consist of?
TR — Layers upon layers of perception and identification.
PRESS RELEASE
UK
Since the late 1990s, Torbjørn Rødland (b. 1970, Stavanger, Norway; lives and works in Los Angeles) has been renegotiating the real in photography, bringing a surgical sensuality to an eroticism of danger that mingles pure pleasure with authentic disquiet. Whence the narrative strangeness of this fourth solo exhibition at Air de Paris, with works whose subtle, repeated oxymorons generate an undeniable mix of attraction and repulsion. Titled «Birthday Sleep», the exhibition celebrates and place the penis in the (glass) head, the pencil through the nose (of the globalised exhibition curator), the sleeping post-pubescent teenager cuddling his (giant soft toy) bear and the pivoting teeth filling a (star-shaped) ashtray whose title and enigmatic shape embody the artist’s enneatype. (1) It also orchestrates a flirtation between bodybuilder veins and (flesh-toned) fishnet mesh, and presents a Venetian blonde evoking the tracks of a (bigfooted) Sasquatch. We’ve all dreamed of this mythical creature, living in the forest, bereft of all education and socialisation, and as far as the scientific community is concerned a matter of the purest folklore. As beautiful as they are scary, Rødland’s new photographs expand our vision of the image’s intimacy and credibility with a proximity that subtly and fundamental eludes one-track
interpretation and unilateral emotions. Asked «What does an image consist of?», he replies «Layers upon layers of perception and identification.» Indeed, what seems accurate is inseparable from what is not. The same goes for what is true. One particular element may be common to several prints and give rise to different emotions; ultimately its properties and aesthetic qualities will come to haunt them, without becoming the main subject.
Birthday, then, is simultaneously a component part of the exhibition title, the context for the appearance of the drawing by this child, and a pretext for slipping on his pink platforms. As a result the viewer’s eye is affec- ted by a sense of the uncanny which he or she immediately goes along with. In principle we are sensitive to and definitively associated with this eye-catching montage – this pure application of Sergei Eisenstein’s theory of nonindifferent nature and the collaging of scenes according to their visual power and impact. In precisely this way «Birthday Sleep» continues the Russian director’s ballet, exploring a form of psychological realism, a face to face confrontation with with our own knowledge of the image.
Torbjørn Rødland (b. 1970, Stavanger, Norway, lives and works in Los Angeles) has been the subject of a num- ber of institutional solo-exhibitions, including shows at Henie-Onstad, Oslo, Norway (2015); Kunsthall
Sta-vanger, Stavanger, Norway (2014); Hiroshima City Museum of Contemporary Art, Hiroshima, Japan (2010); Contemporary Art Museum, St. Louis, United States (2010) and P.S.1 Contemporary Art Center, New York, United States (2006). As well as numerous group exhibitions such as What People Do For Money, MANIFESTA 11, Zurich, Switzerland (2016); LIT, 9th Berlin Biennial, Berlin, Germany (2016); Billboard, Whitney Museum of
American Art, New York, United States (2016); Altars of Madness, Casino Luxembourg Forum d’art Contemporain, Luxembourg (2013). The Serpentine Sackler Gallery, in London will dedicate him a solo exhibition from September 29th.
1. Originally an esoteric figure and now used as a personal growth technique, the enneatype came to the fore as part of the humanistic psychology movement in the United States in the 1970s.
2. Maurizio Cattelan, Torbjørn Rødland, Interview, Purple Magazine, Volume III, Issue 27, Paris, pp.115-118.
MC — What does an image consist of?
TR — Layers upon layers of perception and identification.
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