Avec Stéphane DAFFLON, Sister Corita KENT, Dorothy IANNONE |
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Voyelles Golfes d'ombre ; , candeurs des vapeurs et des tentes, , suprême Clairon plein des strideurs étranges, |
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Serait-il permis de recourir au poème phare de la synesthésie symboliste, d’en détourner le nom de son auteur pour intituler une exposition collective qui se propose de réunir des œuvres dans lesquelles la couleur se pare de vertus transformatives ? C’est avec un grand plaisir que l’on rapprochera librement des œuvres dont le point commun est de prêter à la couleur une puissance libératrice voire extatique : qu’elle soit d’essence religieuse (Sister Corita KENT), tantrique (Dorothy IANNONE), quotidienne (Lily van der STOKKER), formelle (Stéphane DAFFLON), franchement caustique (Rob PRUITT), ou encore utilisée à des fins réflexives (Pierre JOSEPH). Evidemment c’est aussi avec bonheur que l’on constatera que des messages religieux et militants peuvent être servis par des formes de la publicité et du pop art (Sister Corita KENT), que des formes de plénitude (ainsi le colorfield) peuvent transmettre un effet de malaise (Rob PRUITT), que les couleurs peuvent tout autant assumer pleinement une fonction anecdotique (Lily van der STOKKER), que leur utilisation par une artiste peut varier formellement entre les débuts de sa carrière et ses dernières œuvres tout en servant le même propos passionné (Dorothy IANNONE), que leur agencement est surtout formel (Stéphane DAFFLON). Tout comme le fait que la couleur puisse donner lieu à une lecture (Pierre JOSEPH). Quels qu’en soient les propos et moyens, la couleur aura des vertus à effets multiples, dont le non moindre sera de réunir, sous une banderole, ou devant une œuvre. Le mérite de Sister Corita KENT étant d’avoir réuni les deux. Et puis relire RIMBAUD ne fait jamais de mal. Ni contempler de belles œuvres dont les couleurs vous satisfont. Pleinement.
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Stéphane DAFFLON Perpétuant une certaine histoire des formes abstraites, Stéphane DAFFLON compose une grammaire de forme et un langage de la couleur d’une élégance rare. L’artiste développe ainsi une subtile interrogation sur la perception, tant dans la recherche de la forme pure que dans la reprise des formes du design. En quoi la couleur ne saurait cacher un pouvoir transformateur certain.
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Dorothy IANNONE |
Les peintures de Dorothy IANNONE sont rien moins que tantriques : elles donnent aux expériences personnelles, en particulier la sexualité et à l’amour, une dimension mythologique. L’expérience personnelle acquiert des dimensions universelles. Loin de l’empêcher, elle est la voie à la plénitude. Née en 1933 à Boston, Dorothy IANNONE vit depuis 1976 à Berlin. Ses œuvres ont été présentées à l’occasion d’expositions personnelles, ainsi chez Peres Projects, Los Angeles et Berlin, au New Museum, New York et chez Anton Kern Gallery, New York. En 2014, une vaste exposition rétrospective lui sera consacrée à la Berlinische Galerie, Berlin. |
Pierre JOSEPH
La série des textes anaglyphes (imprimés par superposition non complète de deux couleurs et que l’on ne peut lire qu’avec des lunettes à couleurs différenciées) de Pierre JOSEPH concentrent les recherches sur la perception et sur la signification qui informent toute son œuvre : comment le sens est il attribué aux objets ? Leurs usages conditionnent ils juste leur formes ou bien nos comportements ? Ces constatations ne permettraient-elles pas de penser de nouveaux modes d’existence des œuvres ? Ici, un texte classique, le sonnet Voyelles de RIMBAUD opère un retour anté-réflexif sur son mode de lecture, un texte anaglyphe. Pierre JOSEPH est né en 1965. Il vit et travaille à Paris. Une exposition lui sera bientôt consacrée dans le cadre de la prochaine Biennale de Dallas. Ses œuvres ont été présentées dernièrement dans de nombreuses expositions collectives : FRAC Poitou-Charentes, le Tripostal, Lille, Musée Régional d'Art Contemporain, Sérignan, Le Consortium, Dijon, Deutsches Hygiene-Museum, Dresden, Van Abbemuseum, Eindhoven… Ses œuvres ont été acquises par de nombreuses collections privées et publiques, en France comme à l’étranger. Un imposant catalogue raisonné de son œuvre vient de paraître aux Presses du Réel, Oui non peut-être. |
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Sister Corita KENT ©Corita Art Center Immaculate Heart Community, Los Angeles |
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Rob PRUITT |
Avec force éclats et maestria – presque avec appétit - Rob PRUITT enchaîne les séries de peinture. Pour une des dernières en date : de larges colorfield paintings sont affublées de maladroits yeux et bouches. Ces peintures deviennent ainsi des contradictions visuelles/performatives : l’expérience de plénitude promise par les grands aplats contemplatifs sans autre objet que leur couleur est contredite par des Smiley timides, maladroits, limite malades. Rob PRUITT a exposé récemment chez Gavin Brown’s Entreprise & Maccarone (New-York), à la Franco Noero Gallery (Turin), et chez Carlson (Londres). Il a participé aux expositions At Home/Not at Home, Hessel Museum of Art, New York (2010) ; Pop Life, Tate Modern (2010); Mapping the Studio, Palazzo Grassi (2009); The Gold Standard, PS1 Contemporary Art Center, New York (2006); Seeing Double, Andy Warhol Museum, Pittsburgh, PA (2005) pour en rester aux plus récentes. |
Lily van der STOKKER |
L’iconographie famillière et anecdotique des dessins et wall-drawings de Lily van der STOKKER l’ont rendue reconnaissable immédiatement. Derrière des formes et couleurs désuètes qui tâchaient de tester les limites de la tolérance des excès de la forme dans l’art contemporain, l’artiste développe une œuvre puissamment réflexive sur le statut de l’œuvre d’art. Non plus forte et assurée, celle-ci s’excuse, raconte la famille de l’artiste, ses amis, ses doutes et ses plaisirs quotidiens. Née en 1954, Lily van der STOKKER vit et travaille à Amsterdam et New-York. La galerie Leo Koenig gallery, New York, la Tate St Ives, La Conservera, Murcia et le Museum Boijmans, Rotterdam lui ont récemment consacré des expositions monographiques. |
featuring Stéphane DAFFLON, Sister Corita KENT, Dorothy IANNONE |
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Vowels White , the white of kings, of moon-washed fogs and tents, Green , vibrating waves in viridescent seas, Blue , great Trumpet blaring strange and piercing cries Arthur Rimbaud (translated by George Dance) |
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Do we really have the right to use the iconic poem of Symbolist synaesthesia and tweak the name of its creator for a group exhibition of works in which colour appears arrayed in transformative virtues? It is with great pleasure that we freely associate works whose common feature is granting colour a liberating, not to say ecstatic power: whether religious (Sister Corita KENT), tantric (Dorothy IANNONE), everyday (Lily van der STOKKER), formal (Stéphane DAFFFLON), overtly caustic (Rob PRUITT) or reflexive (Pierre JOSEPH). Obviously, too, we're happy to note that religious and militant messages can make use of advertising and Pop Art forms (Sister Corita KENT); that forms of plenitude like colour field painting can generate a feeling of unease (Rob PRUITT); that colours can unabashedly fill a perfectly banal function (Lily van der STOKKER); that their use by an artist can vary formally between the beginning of a career and the latest works, while still conveying the same passionate message (Dorothy IANNONE); that their arrangement is above all formal (Stéphane DAFFLON); and the fact that colour can give rise to reading (Pierre JOSEPH). Whatever the message and whatever the medium, colour will be seen as possessing a host of qualities, not the least of them being bringing people together, under a banner or in front of a work of art. Sister Corita KENT has done both. And anyway, rereading RIMBAUD has never done anyone any harm. Nor has looking at works whose colours are (completely) satisfying
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Stéphane DAFFLON Pursuing a certain history of abstract forms, Stéphane DAFFLON offers a formal grammar and a language of colour of unrivalled elegance, developing a subtle line of enquiry into perception, both in a quest for pure form and in a reuse of interior design shapes. And here colour in no wise conceals a definite transformative power.
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Dorothy IANNONE |
Frankly tantric, Dorothy IANNONE's paintings bring a mythological, universal dimension to personal experience, and to sexuality and love in particular. This is work that opens up the path to plenitude. Born in Boston in 1933, Dorothy Iannone has been living in Berlin since 1976. Her last exhibitions were presented at Peres Projects in Los Angeles and Berlin, the New Museum and the Anton Kern Gallery in New York. An enormous retrospective is planned for 2014 at the Berlinische Galerie in Berlin. |
Pierre JOSEPH
Pierre JOSEPH's series of anaglyphic texts – printed using a partial overlap of two different colours and only legible when looked at through special glasses – are a concentrate of the explorations of perception and meaning that mark his entire oeuvre: just how does meaning come to be attributed to things? Do the uses of things influence only their shape, or our behaviour as well? And might not these ideas enable us to think up new modes of existence for things? Here the classic text that is RIMBAUD's Vowels folds back ante-reflexively on our way of reading it, forming an anaglyphic text. Born in 1965, Pierre JOSEPH lives and works in Paris. He will soon be having an exhibition in Dallas as part of the Biennial there. His work has recently been seen in group shows at venues including the FRAC Poitou-Charentes, the Tripostal in Lille, the Regional Museum of Contemporary Art in Sérignan, Le Consortium in Dijon, the Deutsches Hygiene-Museum in Dresden and the Van Abbemuseum in Eindhoven. His works have been acquired by many public and private collections in France and abroad and the imposing catalogue raisonné Oui non peut-être has just been published by Presses du Réel. |
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Sister Corita KENT ©Corita Art Center Immaculate Heart Community, Los Angeles |
The image seems surrealistic, when in fact it's as Pop as you can get: a nun organising a demonstration with her own posters, all saturated colours and political slogans. Recycling the commercial iconography of the 1960s, silkscreened in workshops with their militant and/or religious messages, Sister Corita KENT’s posters combine political activism and the precepts of universal Christian love. As if at last both were part of a shared movement and could be conveyed by a common form: the combination of advertising and commercial art that gets through to the largest public. In 1936 Corita Kent (1918-1986) entered the Order of the Immaculate Heart of Mary, which she left in 1968 to devote herself to art. A graduate and teacher of art history, she was intensely committed to silkscreening for socially militant purposes, combining Pop imagery with a political and/or Christian thrust. The Tang Museum in New York will be presenting a retrospective of her work in 2013. |
Rob PRUITT |
Rob PRUITT brings energy and brilliance – what you might call a hearty enthusiasm – to his successive series of paintings. In one of the most recent, wide colour field pictures are decked with clumsily done eyes and mouths, and so become visual/performative contradictions: the experience of plenitude promised by these big, contemplative areas of paint, whose only point is their colour, is invalidated by shy, awkward Smileys verging on the sickly. Rob PRUITT has recently exhibited at Gavin Brown’s Entreprise & Maccarone in New York, the Franco Noero Gallery in Turin and the Carlson Gallery in London. He has also contributed to the group shows At Home/Not at Home, Hessel Museum of Art, New York (2010) ; Pop Life, Tate Modern (2010); Mapping the Studio, Palazzo Grassi (2009); The Gold Standard, PS1 Contemporary Art Center, New York (2006) and Seeing Double, Andy Warhol Museum, Pittsburgh, Pennsylvania (2005), to mention only the most recent. |
Lily van der STOKKER |
The tritely familiar iconography of Lily van der STOKKER's drawings and wall drawings makes them instantly recognisable. But behind the outmoded shapes and colours she uses to test the limits of people's tolerance for Contemporary Art's formal excesses, she has built up a powerfully reflexive œuvre centering on the work of art. This shrinking-violet oeuvre makes its excuses as it tells us about the artist's family, her friends, her misgivings and her daily pleasures. Born in 1954, Lily van der STOKKER lives and works in Amsterdam and New York. She has recently had solo exhibitions at the Leo Koenig Gallery in New York, Tate St Ives in Cornwall, La Conservera, Murcia, and the Museum Boijmans in Rotterdam. |