LA SUITE[reset]
5 septembre 2009 - 13 février 2010

INTRO / 05.09.09 / 07.10.09 / 14.11.09 / 09.01.10

09.01.10

Avant d'en finir avec LA SUITE, avant la fin, se faire croire qu'on en a fini. Recommencer à zéro même si on sait que ce n'est pas vraiment possible. Un reset avant la vraie fin de LA SUITE. Et considérer que l'oeuvre, dans un même mouvement, est succession, suivie et suite.
Et alors nous pourrons continuer à déboucher une bonne bouteille de vin (du Tout va bien ?), échanger des séries américaines avant, le lendemain, de préparer la prochaine foire - encore que nous n'ayons jamais arrêté entre-temps. Faire des suites, donner suite et suivre sans plus y penser.

avec

Horatio Alger
Jacques André
René Duran
Claire Fontaine
Liam Gillick
Pierre Joseph
M/M (Paris)
peopleday®
Torbjørn Rødland
Clément Rodzielski
Allen Ruppersberg

01.09.10

Before finishing up with LA SUITE, we have to convince ourselves we've finished with it. Have to start again from scratch, knowing it's not really possible. Do a reset before the real end of LA SUITE. And consider the work of art as at once succession, follow-through and sequel. Then we'll be able to go on popping the top off a good bottle of wine (some Tout va bien), swapping American series, getting ready for the next art fair – all of which we hadn't ever stopped doing anyway. Following up and on and through with not a worry in the world.

with

Horatio Alger
Jacques André
René Duran
Claire Fontaine
Liam Gillick
Pierre Joseph
M/M (Paris)
peopleday®
Torbjørn Rødland
Clément Rodzielski
Allen Ruppersberg

Torbjørn Rødland
Andy Capp variations, 2009
Tirage argentique sur papier baryté, cadre
Le monde entier connaît la démarche nonchalante et négligée de Andy Capp, mais depuis la mort de son auteur en 1998, Reg Smythe, ne le voyait guère plus avancer. Torbjørn Rødland le ressucite entre jeux de transparence et de miroirs. Sa course en devient plus éthérée quoique toujours autant goguenarde.
Il traverse LA SUITE son journal sous le bras…

Torbjørn Rødland
Andy Capp Variations, 2009
Framed silver gelatin print on baryta paper
The whole world knows Andy Capp and his nonchalant slouch, but since the death of his creator, Reg Smyth, in 1998, he hasn't seemed to be going anywhere. Torbjørn Rødland brings him back to life in interplay between transparency and mirrors, and Andy's style gets daintier while staying just as mockingly flip.

Liam Gillick
Hastily Arranged "Hog Bike" Total Wall Piece, 1992
Feuille dactylographiée, images découpées
Avec cette pièce protocolaire de 1992, consistant pour son acquéreur à découper et accrocher des images du magazine Hog Bike à partir d'une fiche d'instruction, Liam Gillick pointait les tendances de l'art contemporain à s'enflammer pour des modes d'accrochages d'images - c'est dire si elle a sa place ici. Les découpages d'époque de l'artiste sont présentés ici, tandis que Benoît Maire présente la version qu'il réalisait en 2009 dans l'exposition  L'Obstacle est la tautologie dont il était curateur à la galerie Tulip & Roses de Vilnius en 2009, et remontée à Paris du 21 au 26 janvier.
Les maniaques de la « pushpin » épinglés / une intervention à partir de pages de magazines…

Liam Gillick
Hastily Arranged "Hog Bike" Total Wall Piece, 1992
A 1992 work that came complete with a set of instructions on how the acquirer was to cut out and hang images from the magazine Hog Bike: this was Liam Gillick's way of highlighting the Contemporary Art tendency to get worked up about modes of hanging, and so the work certainly has its place here. On show are the artist's original cut-outs, together with the version Benoît Maire produced as curator of the exhibition The Obstacle is Tautology, first put on at the Tulips & Roses gallery in Vilnius in 2009, then re-presented in Paris between 21–26 January 2010.

Horatio Alger
In Memoriam Psycho-Narrative Press..., 1976
Portfolio sous pochette et doubles pages cartonnées
De septembre 76 à juin 1977, Horatio Alger (pseudonyme reprenant le nom d'un auteur de romans populaires sur la success story d'un self made man) annonçait à grand renfort de doubles pages de publicités dans la revue Artforum à la fois les publications des Psycho-Narratives Press, ses problèmes personnels et à se faire une place dans le monde de l'art, ses rêves, ses échanges de courrier avec une lectrice de Artforum qui lui demande qui il est (et à qui il retourna la question). Reprises dans un dernier portfolio "In memoriam...", elles rappellent que toute SUITE a une fin. Et que l'on n'en est jamais que réduit à faire des conjectures...
Une intervention dans un magazine…

Horatio Alger
In Memoriam Psycho-Narrative Press..., 1976
Portfolio in folder, double-page spreads on card
From September 1976 to June 1977 a certain "Horatio Alger" – someone using the name of the author of a series of self-made man novels – bought up double-page spreads in the magazine Artforum. There he advertised the publications of Psycho-Narrative Press, and spoke of his personal problems, his desire to make a name for himself in the art world, his dreams, and his correspondence with a woman Artforum reader: when she asked who he was, he fired back the same question. Reprinted in this final In Memoriam portfolio, these advertisements are a reminder that every SUITE has an ending. And that the best we can ever do is make conjectures.

Pierre Joseph
Recherche histoires désespérément, 1993
Impression laser sur papier, passe-partout et cadre bois
Parallèlement à ses Personnages à réactiver, Pierre Joseph rédigeait un avis de recherche que ces derniers auraient envoyés : il renversait alors le rapport d'autorité de la créature à ses éventuels créateurs.... que nous devenons à l'instar des acquéreurs des Personnages.
Un tract isolé – le rouge et le noir ne sont pas photocopiables…

Pierre Joseph
Recherche histoires désespérément, 1993
Laser print on paper, passe-partout and wooden frame
In parallel with his Personnages à réactiver, Pierre Joseph created missing persons posters supposedly sent out by his characters: in this way he reversed the master-servant relationship between the persons created and their possible creators – whom we become, just like the acquirers of the Personnages before us.

Clément Rodzielski
La Femme de l'aviateur, 2008
Peinture à la bombe sur affiche vintage
Clément Rodzielski bombe à la peinture en spray le dos d'affiches de cinéma vintage. Les traces qu'en voit le spectateur révèlent les imperfections et le vieillissement du papier. La profondeur réelle de l'image s'en trouve révélée. Ici, La Femme de l'aviateur de Rohmer, dans laquelle ledit aviateur est suivi par le personnage principal qui échafaude un certain nombre d'hypothèses sur lui.
Une intervention sur une affiche…

Clément Rodzielski
La Femme de l'aviateur/The Aviator's Wife, 2009
Spray painting on vintage poster
Clément Rodzielski spray-paints the backs of old cinema posters, with the resultant see-through traces showing the viewer the imperfections and ageing of the paper and revealing the true depth of the image. The film in question is Eric Rohmer's The Aviator's Wife, in which the eponymous aviator is followed by a main character busily constructing a set of theories about him.

peopleday®
Assemblage Peopleday® #1
3 sérigraphies d'Arman, César et Rotella extrait d'un Portfolio des Nouveaux Réalistes de 1970, 3 geant pushpins produits par greatbigstuff.com.
Sous l'appelation peopleday®, François Curlet réalise des œuvres avec des multiples et œuvres uniques d'artistes des générations précédentes. Ici, trois punaises géantes maintiennent au mur trois sérigraphies de nouveaux réalistes (Arman, César, Rotella), révélant par accentuation l'effet merchandising autant de ces objets multiples que du Nouveau Réalisme dans son ensemble. Suivre ne se fait pas nécessairement aveuglément.
Les nouveaux réalistes épinglés à leur tour….

peopleday®
Assemblage Peopleday® #1, 2008
3 silkscreens by Arman, César and Rotella from a New Realists portfolio of 1970, 3 giant pushpins produced by greatbigstuff.com
Under the heading peopleday® François Curlet makes works out of past generation multiples and one-offs. Here three giant pushpins hold on the wall three New Realist silkscreens – by Arman, César and Rotella – whose foregrounding points up the merchandising effect not only of these multiples but of New Realism as a whole. Following doesn't have to mean following blindly.

Allen Ruppersberg
Alterations / Knockoff (turquoise), 2007
Toile brute, texte sérigraphié, pages d'un ancien agenda cousues
Pour sa série d'œuvres  Alterations, Allen Ruppersberg a cousu les pages du carnet de commande d'un couturier américain des années 50 sur une toile. Sur cette même toile sont sérigraphiées des abréviations  indiquant des modalités de relations ("dérivé de, formé par, remplacé par, mélangé, etc..."). Il relie ainsi le portrait chinois d'un inconnu par un de ses objets les plus quotidiens (mais un agenda est un livre que nous écrivons chacun à la vitesse 1) - le particulier -  et un certain nombre d'opérations permettant la classification (mais ces opérations sont celles que nous faisons tous et les bases de tout travail d'écriture) - le général.
Couture et pinces à pantalon….


Allen Ruppersberg
Alterations / Knockoff (turquoise), 2007
Raw canvas, silkscreened text, pages from an old notebook
For his Alterations series Allen Ruppersberg has sewn pages from a 1950s American couturier's order book onto a canvas. Silkscreened onto the same canvas are brief indications of relationships: "derived from", "trained by", "replaced by", "mixed", etc. Thus he links the particular – uniting fragments to portray an unknown via one of his most everyday objects (but a notebook is a book each of us writes very slowly) – to the general: a number of operations that enable classification (but the operations are ones we all use and the basis of all ventures in writing). 

Jacques André
DO IT - Achats à répétition 1, 2004 - 2010
27 exemplaires de l’édition Simon & Schuster, 9 exemplaires de l’édition Ballantine Books, 7 exemplaires de l’édition Seuil Combats, 15 exemplaires de l’édition Points Seuil
exemplaires des éditions américaines et françaises de "Do it!"
I want more, Can - Achats à répétition 10, 2004 - 2009
19 exemplaires de l’édition Virgin Records
!DIOT, 2009
impression numérique
Dans un geste perecien assumé (Tentative d'épuisement...), Jacques André achète le maximum d'exemplaires disponibles de publications ou vinyles emblématiques d'une certaine époque, celle de sa naissance, dont le titre, engagé ou revendicatif, prend un nouveau sens de nos jours : du "Do it" du révolutionnaire yippie Jerry Rubin à sa digestion contemporaine "Just do it!". La photo de ce dernier, retournée tout comme le slogan, agrandie et retournée, prend acte de ce renversement : "!diot". De même le vinyl du mythique groupe de Krautrock allemand, Can !, I Want More rend un nouveau sens par accumulation de ses exemplaires d'époque.
Yes we can !

Jacques André
DO IT - Repeated Purchases 1, 2004–2010
27 copies of the Simon & Schuster edition, 9 copies of the Ballantine Books edition, 7 copies of the Seuil Combats edition, 15 copies of the Points Seuil edition
I Want More, Can - Repeated Purchases 10, 2004–2009
19 copies of the Virgin Records release
!DIOT, 2009
digital print
In a gesture overtly reminiscent of George Perec's Tentative d'épuisement d'un lieu parisien Jacques André buys up as many copies as he can of individual books and vinyl discs from his childhood years, items whose forceful or politically committed titles take on a new meaning in our time: one example being yippie Jerry Rubin's Do It, its title now recycled as "Just do it!". Reversed – like the reversed, blown-up slogan – the back-cover photo of the author registers the phenomenon: "!diot". In the same way the name of a vinyl of the mythic Krautrock band Can, I want more ! takes a new sense amid the sheer accumulation of vintage copies.

René Duran
Evocation (Pierre Soulages), 1989
Evocation (René Riesel), 2004
Peinture sur plastique et coupures de journal
Sans titre, 1976-2009
Tract contrecollé sur plastique noir
Figure phare de l'underground aveyronnais (il chante en occitan dans son duo de rock minimal "Nouvel Optic", écrit, publie, électrifie Rodez), rénovateur du happening sous une forme cultivée, René Duran ne démarche aucun lieu pour exposer mais accepte toutes les invitations. Ses Evocations sont réalisées à partir de portraits découpés dans la presse, il explicite sa relation à ces personnalités - tout autant Soulages que René Riesel, avec lequel il partage un passé militant et un esprit situationniste. Et dont son tract historique (de 1976) rappelle le souffle salutaire.
Hommage aux Enragés…

René Duran
Evocation (Pierre Soulages), 1989
Evocation (René Riesel), 2004
Paint on plastic, newspaper clippings
Untitled, 1976–2009
Leaflet mounted on black plastic
A leading underground figure in France's Aveyron region – in addition to singing in Occitan with his minimalist rock duo Nouvel Optic, he writes, publishes, and electrifies Rodez – René Duran is also a creator of innovative, sophisticated happenings. While never seeking exhibition venues, he readily accepts invitations to show. Based on portraits found in the press, his Evocations spell out his relationships with subjects ranging from Soulages to René Riesel; with the latter he shares a politically militant past and the salutary Situationist spirit recalled by this leaflet from 1976.

Claire Fontaine
Visions of the world, (Oslo, Summer 2007), 2007
Affiches imprimées en offset
Claire Fontaine photographiait en 2007 à Oslo un graffiti anti-nazi, dont on avait tenté d'effacer la svastika (ce qui la rendait d’ailleurs plus visible, car on ne jette rien dans les poubelles de l’histoire). Ce graffiti consistait en un détournement  du pictogramme incitant au recyclage. En le proposant à nouveau à la diffusion sous forme de posters en stack, Claire Fontaine portait au carré le niveau d'incertitude de ce détournement de détournement.
Affiches à emporter ! Oui, vous pouvez…

Claire Fontaine
Visions of the world (Oslo, Summer 2007), 2007
Offset posters
 In 2007 Claire Fontaine photographed an anti-Nazi graffiti from which someone had tried to erase the swastika (the only effect being to heighten its visibility, as in history nothing goes into the trashcan). The original inscription was a tweaking of the well-known recycling pictogram, and by putting the graffiti back into circulation as a stack of posters, Claire Fontaine squares the degree of ambivalence of this tweaking of tweaking.

et toujours :
M/M (Paris)

Just like an ant walking on the edge of the visible (détail, réarrangé par la suite), 2009
Partie pour le tout, les lettres-tabourets L, A, S, U, I, T, E, sont extraits de la phrase Just like an ant walking on the edge of the visible, Chez le duo de graphistes M/M (Paris), les signes s'affranchissent des limites de la page pour se déployer dans l'espace. Ils cumulent alors l'écriture qui trace la lettre (la pointe qui écrit est le motif sérigraphié sur l'assise des tabourets), la lettre écrite (qui sert de pieds aux tabourets) et la possibilité de réaliser le geste qui les trace : les tabourets ont servi initialement à accueillir les participants d'un workshop de dessin donné par les artistes au Drawing Center qui les exposait.
Des stations de lectures.

and still :
M/M (Paris)

Just like an ant walking on the edge of the visible (detail, rearranged by la suite), 2009
With no effort spared, the stool-letters L, A, S, U, I, T, E, have been lifted from the phrase Just like an ant walking on the edge of the visible. In the work of graphic artists M/M (Paris), the characters break through the boundaries of the page and out into the surrounding space. Thus they accumulate the writing that traces the letter (the scriber being the silkscreened motif on the seats of the stools), the written letter (which functions as legs for the stools) and the possibility of performing the gesture that traces them: the stools were originally used by participants in a drawing workshop run by the artists at the Drawing Center where they were showing.
Reading stations.