Torbjørn Rødland, auto-portrait. Humour romantique.
J'adore les animaux mignons, les voitures blanches, les cordes, les bûches, les échelles, le soleil. J'aime voir l'intellect urbain affaibli par la spiritualité. Je met mes préfèrences sentimentales à l'épreuve, en me servant de l'image photographique pour combattre l'ironie et m'ouvrir à la nature, à la beauté, à la pureté. Oui, parfois j'aspire à la netteté du néoplatonisme. Pourquoi, de nos jours, l'inspiration semble-t-elle porter une veste toujours usée?
J'essaye d'écarter l'humour et la stupidité de certains clichés du passé récent.
Néanmoins, il s'avère très difficile pour moi de faire une distinction utile entre ce qui est directement observé et ce qui a déja été médiatisé. Tout sens arrive un peu en retard.
J'ai vu nombre de mes modèles pour la première fois dans un tram, dans un café, sur un marché.
Je sais que l'on ne peut pas approcher une femme qui nous plait et lui demander de la photographier. Je sais aussi que l'on ne peut pas photographier le lever du soleil derrière des pins couverts de neige, mais la honte doit capituler. Il n'y aura rien d'original à ma mort.
Il n'y a pas beaucoup d'action dans les images que je finis par faire. Il ne se passe pas grand chose, mais le calme et l'attente peuvent être constructifs. Si on fait vraiment attention, on peut retrouver quelque chose d'essentiel, peut-être. Je m'intéresse à l'expérience religieuse solitaire contemporaine : le paradoxe de l'état mystique. La photographie est un médium ouvert. Elle peut réconcilier des forces opposées et transformer la souffrance en joie; le mysticisme peut être une forme de photographie.

 

#Dirt Road, 1999 c-print / aluminium, encadré, 143 x 110 cm, édition 1/5
#Priest n°5, 2000 c-print / aluminium, encadré, 60 x 76 cm, édition 4/5