AIR DE PARIS
Shimabuku

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Catching octopus with self-made ceramic pots

Attese : Biennale of Ceramics in Contemporary Art (2nd edition), Albisola, Savona and Vado Lugure, Italie.

« Je me suis vraiment senti comme à la maison à Albisola, parce qu’il y avait la mer, les montagnes et les pieuvres exactement comme dans ma ville d’origine, Kobe !
J’étais très surpris de voir qu’on proposait de la pieuvre au restaurant de l’hôtel !
Je me suis alors demandé comment faisant les gens d’Albisola pour attraper les pieuvres. Dans ma ville, les gens attrapent les pieuvres à l’aide de poteries. Ils enfilent de nombreux pots sur une longue corde et les plongent au fond de la mer. On n’utilise aucun appât. Quand le piège est relevé toutes les 24 ou 48 heures, les pieuvres sont nichées au fond des pots. Cette méthode prend en compte le fait que les pieuvres aiment se réfugier dans des espaces très étroits. Danilo, mon artisan potier m’a révélé que les italiens utilisaient une méthode similaire y il a très très longtemps.
Danilo et moi avons décidé de reprendre cet usage ancien en Italie et qui perdure dans ma ville d’origine pour attraper des pieuvres à Albisola avec des poteries artisanales »

Shimabuku

Né en 1969 à Kobe, Shimabuku est un artiste qui parcourt le monde accumulant les rencontres insolites. Renouant avec une esthétique de la dérive situationniste, il a étudié à Osaka puis à San Fransisco pour ensuite voyager à travers différents ports du monde, au Japon, au Brésil, en France, aux Pays-Bas et aux Etats-Unis. L’artiste expérimente différentes interactions possibles avec le vivant afin de repousser les limites physiques ou imaginaires. « Si la force de gravité disparaissait de la terre, alors une pieuvre et un pigeon pourraient se rencontrer en toute équité », ainsi commence le texte qui accompagne la présentation de Rencontre de la Pieuvre avec un Pigeon (1993) au musée de Nagoya, une performance documentée par des photographies. Dans ce texte, l’artiste relie deux faits à l’origine de ce projet, il raconte une discussion dans l’avion avec une jeune femme coréenne sur le mariage mixte, et explique que les abords du musée de Nagoya sont envahis par les pigeons. Il met ainsi en place les condition d’une rencontre improbable.
Les œuvres de Shimabuku sont très souvent accompagnées du récit de leur conception, révélant la part dûe au hasard. Elles se laissent volontiers raconter tout en véhiculant une image forte, transformant les personnages de ses mises en scènes en véritables icônes. La pieuvre apparaît ainsi ponctuellement dans différentes situations imaginées par l’artiste. Dans Octopus Road Project (1991), il l’emmène avec lui dans une glacière, de la mer intérieure de Seto jusqu’à la mer du Japon. Le récit de cette aventure est épique mais finit de façon tragique, la pieuvre n’ayant pas supporté les conditions du voyage.
Pour Air de Paris, Shimabuku présente une pièce réalisée à Albisola en Italie. Catching octopus with self-made ceramic pots (2003), comprend une vidéo et un ensemble de céramiques fabriqué avec un artisan de la ville. Parti attraper des pieuvres à l’aide de poteries au large d’Albisola, Shimabuku rétablit une pratique ancestrale et crée un lien avec sa ville d’origine, Kobe. Ce projet à la fois drôle et poétique réussit à faire oublier les frontières géographiques et culturelles. Le diaporama, présenté dans l’autre pièce est d’un autre registre, il montre des mets apétissants se succédant à une rythme soutenu. La volonté affichée de l’artiste est de faire saliver son spectateur afin que l’appel du ventre soit plus fort que le jugement esthétique qu’il pourrait porter sur l’image.


“I really felt at home in Albisola, because it had the sea, mountains and octopuses just like my hometown of Kobe!
I was so surprised to see octopus dishes in the hotel restaurant!
I started to wonder how people in Albisola catch the octopus. In my hometown, people catch octopuses using ceramic. They simply string many pots on a long rope and let them sink to the bottom of the sea. No bait is used. When the trap is retrieved in 24 to 48 hours, the octopuses are found inside the pots. This method takes advantage of the fact that octopuses like narrow spaces. Danilo, my ceramics craftsman told me that Italian people used to use a similar method a long, long time ago.
Danilo and I decided to do things the ancient Italian and my hometown's way and catch octopus in present day Albisola using self-made ceramic pots.”

Shimabuku

Born in 1969 in Kobe, Shimabuku is an artist who collects unusual encounters. Inspired by the International Situationist walking tours, he studied in Osaka and in San Francisco before travelling in the different harbours of the world, in Japan, Brazil, France, Netherlands and USA. This artist experiments all kinds of interaction with the living beings in order to push back the limits of the physics and the imaginary. « If gravity disappeared from the earth, an octopus and a pigeon could meet on equal terms. », that’s the starting sentence of the text accompanying the work Encounter between an Octopus and a Pigeon (1993) in the Nagoya Museum: a performance documented with photographs. In the text, the artist links the project with two different facts. He reports a discussion in the plane with a young lady from Korea about marrying someone from a different culture, and he also explains that the surroundings of Nagoya Museum are full of pigeons. These apparently unconnected remarks constitute, in fact, the basis for an unexpected meeting.
Shimabuku’s works are often shown with the tale of their conception, revealing the important role played by chance. The works, like stories, are likely told to other people but at the same time they convey a very strong image, which transform the characters into true icons. Thus, the octopus appears punctually in different situations imagined by the artist. In Octopus Road Project (1991), Shimabuku brings with him the octopus in a cooler while walking from the Interior sea of Seto to the Sea of Japan. The report of this adventure is epic but finishes with a tragic ending. The octopus did not survive the travel conditions.
For Air de Paris’s exhibition, Shimabuku presents a work conceived in Albisola, Italy. Catching octopus with self-made ceramic pots (2003) is an installation with video and ceramic pots realized with a local craftsman. Shimabuku went fishing in the sea near Albisola, the way ancient people did in Italy and just like the fishermen do in his hometown, Kobe. This project is at the same time funny and poetic, blurring the geographical and cultural frontiers.
The diaporama, exhibited in the small room, is of a different kind and shows delicious dishes one after another. The artist wants the spectators to get hungry, so that they cannot bare any aesthetical judgement on these images.