M/M Paris
L’île au trésor
26 janvier - 08 mars 2008, Air de Paris.

EXPANDED DESIGN : parthénogenèse de l'homme typographique

« L'ïle au trésor » est une fantaisie pirate, une aventure qui débute en 2003, celle de la mise en forme par les M/M de manuscrits abandonnés, trouvés dans la rue avant le passage de l'éboueur : des nouvelles, des amorces de romans et les lettres à l'éditeur qui les accompagnaient. « Rehab » : ces morceaux de non-choix sont retranscrits avec la plus grande attention, dotés d'une typographie particulière, mis en page dans un recueil, un luxueux ouvrage pour bibliophile à la reliure soignée. Il est présenté dans un petit cabinet de lecture, un meuble dédié qui se déplie, bibliothèque d'un seul ouvrage et coin de lecture d'un seul lecteur. Celui-ci est placé sur un tapis imprimé, entouré de cadres de Plexiglas thermoformés qui recouvrent des gravures allusives au plaisir vagabond de la lecture. Ces mêmes gravures, où apparaissent, par exemple, les écrits corsaires de Pasolini, ponctuent le livre à l'instar d'un roman d'aventures. Le titre emprunté à Stevenson convie la figure du pirate et évoque les questions du droit d'auteur qui agitent l'âge numérique ; le contenu du livre est somme toute volé. Habitant de l'île, un petit pirate pixellisé intervient comme une mascotte numérique déguisée en sculpture lumineuse. Et si on y regarde de plus près, le Plexiglas thermoformé des cadres qui encerclent le cabinet de lecture comporte l'empreinte en positif de ce petit pirate. Enfin, dernier cercle, les murs sont recouverts de papier peint qui reprend le motif des pages de garde. Comme un anneau de Moebius, l'intérieur se retrouve aussi à l'extérieur. La tête tourne au bibliophile : ce livre a un trou de ver à symétrie sphérique !

La révolution Gutemberg a permis la production d'ouvrages destinés au plus grand nombre. La galaxie Gutemberg a vu la critique des rapports échangistes entre le media et le message, et cette référence est encore pertinente.

Quelques bribes de textes qui n'ont pas été retenues pour l'impression se retrouvent ici réhabilitées avec le plus grand sérieux. Un exemplaire de cette installation est également présente au lycée Alexandre Dumas à Moscou. Maîtrise d'ouvrage, vanité contemporaine, hommage absurde, dialectique de la forme ou encore dérive poétique ?

Mathias Augustyniak et Michael Amzalag sont les deux créateurs et fondateurs de M/M (Paris), atelier graphique créé en 1992. Michael Amzalag (né en 1968) a étudié à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs à Paris, et Mathias Augustyniak (né en 1967) au Royal College of Arts à Londres. Des expositions personnelles leur ont été consacrées dans de nombreuses institutions françaises et étrangères : Consortium, Dijon ; Rocket Gallery, Tokyo ; Rectangle, Lyon ; Cneai, Chatou ; Kunstverein, Francfort ; Palais de Tokyo, Paris ; Victoria & Albert Museum, Londres ; Haunch of Venison, Londres.

Sur les murs :
"L'île au trésor (Motif)"
, 2005

50 rouleaux de papier peint vinyle
50 x 65 cm (c.250 m2)
Au sol :
"Agent Pirate", 2007
néon, Plexiglas et aluminium, système électrique 220V
70 x 46,5 x 16 cm, 220v
Cabinet (L'île au trésor), 2007
meuble bois sérigraphié, tapis tufté main (manufacture de Moroges Tisca France), livre, impression numérique sous reliure chevreau rehaussé d'or.
livre 27 x 32,5 x 4,5 cm / cabinet 78 x 38 x 40 cm / tapis 120 x 180 cm

Cabinet (L'île au trésor), 2007
meuble bois sérigraphié, tapis tufté main (manufacture de Moroges Tisca France), livre, impression numérique sous reliure chevreau rehaussé d'or.
livre 27 x 32,5 x 4,5 cm / cabinet 78 x 38 x 40 cm / tapis 120 x 180 cm

"L’Île au trésor (page 381)", 2007
Lithographie sur zinc en 8 couleurs sur Arches 240 gr et cadre bois stratifié,
découpé au laser monté sous coque en Plexiglas thermoformé
70 x 85 x 7,5 cm

"L’Île au trésor (page 9)", 2007
Lithographie sur zinc en 8 couleurs sur Arches 240 gr et cadre bois stratifié,
découpé au laser monté sous coque en Plexiglas thermoformé
70 x 85 x 7,5 cm


En haut :
"Applique Pirate", 2007
tube argon, système électrique 220V et bois stratifié découpé au laser
monté sous coque en Plexiglas opaque thermoformé
70 x 85 x 12,5 cm
En bas :
"L'île au trésor (Frontispice)", 2007
sérigraphie phosphorescente sur Arches 240 gr. et cadre bois stratifié, découpé au laser
monté sous coque en Plexiglas thermoformé
70 x 85 x 7,5 cm


"The Treasure Island" is a pirate fantasy, an adventure starting in 2003, involving the rehabilitation by M/M of some abandoned manuscripts, found in the street before the garbage men passed by: novellas, beginnings of novels, and the letters to publishers accompanying them. "Rehab": these unselected excerpts have been transcribed with a great deal of care and attention, using a specific typography, a layout as for an anthology, a de luxe tome for bibliophiles with refined binding. It is presented in a small reading cabinet, a dedicated piece of furniture, which unfolds, a library of just one book, and a reading nook for just one reader. This latter is placed on a printed carpet, surrounded by heat-moulded Plexiglas frames, which cover engravings alluding to the nomadic pleasures of reading. These same engravings, in which, for example, there appear the pirate/corsair writings of Pasolini, punctuate the book like an adventure novel. The title, borrowed from Robert Louis Stevenson, conjures up a pirate figure and evokes issues involving royalties, issues rocking the digital age: the book's contents are all stolen, to put it in a nutshell. As the inhabitant of an island, a small pixellized pirate intervenes as a digital mascot disguised as a light sculpture. And if you take a closer look, the heat-moulded Plexiglas of the frames, which encircle the reading cabinet, bear the positive imprint of this little pirate. Last of all, as the last circle, the walls are covered with wallpaper, which borrows the motif of the flyleaves. Like a Moebius strip, the inside is also outside. The head turns to the bibliophile: this book has a worm hole with spherical symmetry! Gutenberg revolution permitted the production of books aimed at the largest possible readership. The Gutenberg galaxy has seen the critique of the swapping relations between the medium and the message, and this reference is still pertinent.

A few snippets of texts, which have not been used for the printing, are here rehabilitated with extreme seriousness. A copy of this installation is also being shown at the Alexandre Dumas Lycée in Moscow. Mastery, contemporary vanitas, absurd tribute, dialectic of form, or poetic drift?

Mathias Augustyniak and Michael Amzalag are creators and founders of M/M (Paris), graphic studio from 1992. Michael Amzalag (born in 1968) studied in Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs in Paris, and Mathias Augustyniak (born in 1967) in Royal College of Arts in London. They had personal exhibitions in numerous institutions in France and abroad : Consortium, Dijon; Rocket Gallery, Tokyo; Rectangle, Lyon; Cneai, Chatou; Kunstverein, Francfort; Palais de Tokyo, Paris; Victoria & Albert Museum, London; Haunch of Venison, London.