JACK JAEGER

1937-2013

Jack Jaeger (1937-2013) est un artiste, curateur et éditeur. Entre 1994 et 1996, Jaeger a édité les huit numéros de ZAPP Magazine, un magazine pionnier sur cassette vidéo. Il a été commissaire de nombreuses expositions, dont “Please, don’t hurt me!” 1993, à la Galerie Snoei à Rotterdam et Cabinet Gallery à Londres; il est le premier à avoir exposé Carsten Höller, Roman Signer, Elke Krystufek, et Lily Van Der Stokker en Angleterre. White Columns a organisé une exposition personnelle de Jack Jaeger en 2005.

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Jack Jaeger a commencé à produire des oeuvres d’art à l’approche de la cinquantaine. Photographe de plateau depuis les années 50, il avait déjà abandonné une carrière de cadreur, monteur et réalisateur de publicités et de longs métrages télévisés; il a débuté – au mileu des années 80 – un travail de petites sculptures bricolées avec ses propres images de couleurs très vives. Ces photographies - imprimées et reproduites en plusieurs exemplaires dans des magasins photos de son quartier - étaient pour la plupart des gros plans d’objets du quotidien ou des prises de vues d’apparence abstraite de papiers colorés. Reliées les unes aux autres par des écrous, des boulons et des câbles, les instantanés de Jaeger sont devenus des éléments de construction pour une armada considérable d’assemblages domestiques dont la grammaire associe invariablement l’illusionnisme de la photographie à la facticité de la sculpture, dans une tradition qui s’étend de Man Ray à Robert Heinecken ou Sara VanDerBeek. Les constructions de Jaeger - ses pièces sont murales, sur pied ou suspendues au plafond comme des mobiles – renvoient souvent à la quincaillerie et aux petits objets qui les composent sans pour autant devenir de simples arguments de l’art pour l’art. C’est devenu extrêmement évident dans sa dernière décennie, quand les sculptures de Jaeger ont pris la forme de lampes, éclairant non seulement elles-mêmes et la nature de la photographie, mais aussi le monde qui les entoure – et nous-mêmes par la même occasion.

Steel Stillman

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Les oeuvres de Jack Jaeger trouvent leurs origines dans le cinema. Jack était cameraman, né au Pays-Bas en 1937, il migre aux Etats-Unis dans les années 50. Là-bas, il a fait une école de cinéma. Puis, il a vécu à Londres, à Düsseldorf et Los Angeles où il a rencontré les cinéastes d’avant-garde. À 37 ans, paralysé par une maladie grave, il a été contraint d’abandonner sa profession de caméraman qu’il adorait. Dans les années 80, il commence à s’intéresser au monde de l’art et la production artistique. Il rencontre ensuite Lily Van Der Stokker, sa compagne de vie. Il travaille aussi comme curateur, critique d’art et contributeur de ZAPP Magazine. De 2002 à 2012, il loue un studio hors d’Amsterdam où il réalise ses propres oeuvres.

Jack Jaeger aimait la couleur, la lumière et les cordons électriques. Il était cameraman et photographe low-tech. Il adorait photographier les matériaux bruts et jetables, la pierre, le bois et le métal et construisait ses oeuvres à partir de ces images, assemblées avec des écrous et des boulons. Il n’appréciait pas la photographie instantanée, prendre au dépourvu les gens pour faire des images, bien qu’il soit pleinement conscient du pouvoir voyeuriste de l’appareil photo. Jack à commencé à recueillir des images quand il était seul dans sa plus jeune enfance. Imaginant ainsi un monde qu’il n’avait pas. En tant que cameraman, il connaissait les techniques de prise de vues, mais il n’a jamais souhaité devenir trop technique. Il voulait se rapprocher de l’essence même de la photographie. Il a photographié la couleur, les structures, l’abstraction. Selon lui, toutes les images, même lorsqu’elles révélaient la “réalité” étaient abstraites. Il a testé les limites de la photographie en réalisant des images panoramiques infinies, et l’abstraction en créant des photographies colorées d’écrans télés bleutés. La seule “réalité” dans ses images, est celle d’images trouvées, de photos en miettes, de rebuts et de décharges.

“Personnes trouvées” est une série d’images perdues dans les labos photo, reflétant peut-être sa propre enfance, celle d’une “personne disparue”. En regardant de plus près, son travail, vous y verrez des notes de violence, mais peu, parce qu’il ne souhaitait pas, de quelque manière que ce soit, exploiter son traumatisme d’enfant juif, qui a pourtant déterminé le reste de sa vie. Au lieu de cela, il a préféré se livrer à son amour de l’art et de la couleur.

Lily Van Der Stokker, 2014

Jack Jaeger (1937–2013) is an artist, curator, and editor. Between 1994–96, Jaeger edited the eight issues of ZAPP Magazine, a pioneering video art magazine. He also curated numerous shows, including “Please, don’t hurt me!” 1993, at Gallery Snoei in Rotterdam and Cabinet Gallery in London, which was responsible for introducing Carsten Höller, Roman Signer, Elke Krystufek, and Lily van der Stokker to British art viewers. White Columns featured Jaeger’s work in a solo show in 2005.

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Jack Jaeger began making art works as he approached fifty. A still photographer since the 1950s, he’d already abandoned a career shooting, editing, and directing TV commercials and feature films, when, in the mid-1980s, he started to make quirky, bricolage sculptures using his own brightly colored snapshots. These photographs – which he had commercially printed in multiple copies at neighborhood photo-shops – were mostly close-ups of everyday objects or seemingly abstract shots of colored papers. Attached to one another with nuts, bolts, and wire, Jaeger’s snapshots became the building blocks for a considerable armada of domestic-scaled assemblages whose grammar invariably weds the illusionism of photography to the facticity of sculpture, in a tradition that extends from Man Ray to Robert Heinecken to Sara VanDerBeek. Jaeger’s constructions – his pieces are wall-mounted, free-standing or suspended from the ceiling like mobiles – often refer to the hardware and real-life objects that were used in their making, but they are never mere art-about-art. That became abundantly clear in his final decade when Jaeger’s sculptures became also lamps, illuminating not just themselves and the nature of photography but the world around them – and us.

Steel Stillman

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Jack Jaeger’s work finds its background in the film world. Jack was a cameraman, born in The Netherlands in 1937 and immigrated to the United States in the fifties. There he went to the film academy. Then he lived in London, Düsseldorf, Los Angeles, and networked with avant-garde filmmakers. When he was 37, he became paralysed from a serious disease and had to give up his beloved profession as a cameraman. In the eighties he started to shift his attention to the art world and art making. Then he met Lily Van Der Stokker. He also worked as a curator; wrote about art and got involved with ZAPP Magazine. From 2002 to 2012 he rented a studio outside of Amsterdam, where he made his art works.

Jack Jaeger liked colors, he also liked lights and electrical cords. He was a low-tech cameraman and photographer. He loved photographing disposables and bare materials, stone, wood and metal, and from these photo’s he built his artworks, with nuts and bolts. He didn’t like instant photography, making pictures when people were off guard, although he was fully aware of the voyeuristic force of the camera, as apparent in his camera work for the now well known cult-film “Coming Apart” (1969, dir. Milton Ginsberg). Jack had started to love and gather pictures when he was lonely in his early childhood. This created a world he did not have. As a cameraman he knew about the techniques of camera work and film stills, but he never wanted to be over technical. He wanted to come closer to the essence of photography. He photographed color, structures, abstraction. To him all images, even when they revealed ‘reality’, were abstract. He showed the limitations of photography by making endlessly panoramic pictures. Abstraction he created by photographing colored paper or a blue tv-screen. The only reality imagery he let into his pictures, were pictures of disposed of materials, garbage: cut up and crumbled photos, crown-caps and found imagery. ‘Found People’, images lost from the photo lab, perhaps mirroring his own youth, as one of the ‘Lost People’. Looking close at his work, you’ll see hints of violence, but sparsely, because he didn’t want to exploit in any way his traumatized Jewish childhood, which nevertheless determined the course of his life. Instead he preferred to indulge in his love of art and color.

Lily Van Der Stokker, 2014
Air de Paris