C'est « la beauté profonde de la nature, les couleurs et les formes » qui ont conduit Jean Painlevé à filmer le vivant. C'est aussi, d'après son propre aveu, parce qu'il dessinait vraiment mal. Enfant, il se passionne pour la photographie et les animaux qu’il découvre sur les côtes bretonnes où sa famille l’emmène en vacances. Etudiant dans le laboratoire d’anatomie comparée de la Sorbonne, il découvre la microphotographie et le cinéma scientifique dont la modernité et l’efficacité comme moyen d’enregistrement du mouvement le fascinent.
D'abord portée par l’éthique scientifique, sa démarche l'amène à découvrir des « choses que personne n'avait vues». Le cinéma scientifique est l'instrument qui permet de partager ses découvertes en rendant visible l'invisible. Rétif à l'enseignement traditionnel, il incarne pour lui un vecteur décisif de sensibilisation du public. L'intérêt des spectateurs est capté par l'attention portée à l'esthétique, au rythme, aux anecdotes et aux différents traits d'humour qui émaillent le propos. La subjectivité qu'il introduit dans son approche scientifique confère une dimension poétique à son œuvre. Depuis ses études à la Sorbonne, il est proche des Surréalistes, d'avantage d'Yvan Goll, qui lie Science et Art par un rapport de causalité, que d’André Breton qui les oppose intrinsèquement. Il est également très lié aux artistes qui animent le Paris des années 20 comme Fernand Léger ou Alexander Calder.
Pendant plus de soixante ans, Jean Painlevé tournera près de deux cent films. L'Hippocampe - dans sa version sonore de 1935 - reste à ce jour le plus connu.
Quatre photographies d'hippocampes seront présentées ainsi qu'une carte postale promotionnelle de la marque jHp qu'il créé en 1936 pour proposer des bijoux et accessoires de mode à l'effigie de l'animal. Dans la vitrine sera présentée la version muette de son film L’Hippocampe. Longtemps restée confidentielle, cette première mouture du film sera présentée dès le début des années 1930 dans les ciné-clubs d’avant-garde et par Jean Painlevé tout au long de sa vie. Ce film témoigne de l’engagement de Jean Painlevé pour le « cinéma pur », avant l’arrivée du sonore, privilégiant la poésie visuelle qui représente pour lui un langage universel.
C'est son seul intérêt pour l'espèce qui aurait motivé le tournage de deux films. Intérêt qui ne relève pas d'une appétence pour ce petit animal qui « ne peut servir que de cure-dents », mais plus d'une fascination exercée par ce poisson vertical dont le mâle porte les œufs et accouche dans la douleur. Jouant sur un effet d'anthropomorphisme, il questionne la phallocratie humaine par un renversement des genres chez l'hippocampe. Il note d'ailleurs que « ça a été une véritable petite révolution parisienne. Dans le métro, dans l'autobus, on entendait des hommes dire : « Tu as vu ce mâle qui accouche ? » et l'autre répondant : « Oh oui je savais ça depuis longtemps ».
Jean Painlevé (1902-1989) a participé à de nombreuses expositions collectives en Europe telle que « La Subversion des images » au MAMVP en 2010, et internationalement telles que « OBJECT: PHOTO » au MoMA en 2015. Ses œuvres sont présentes dans les collections du Metropolitan Museum of Art, MoMA, Cleveland Museum of Art, Nouveau Musée National de Monaco et Centre Pompidou.
Communiqué de presse
Biographie
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Jean Painlevé was led to film the living world by «the profound beauty of nature in its colours and shapes»; but also, he admitted, by the fact that he drew very badly. As a child he combined a passion for photography with his discoveries of animals on the Breton coast during holidays with his family. And as a student in the laboratory of comparative anatomy at the Sorbonne, he became fascinated both by microphotography and by scientific cinema as a modern, efficient means of recording movement.
This initially scientific approach led him to discover «things nobody else had seen». Scientific cinema was the instrument that enabled him to share his discoveries by rendering the invisible visible: opposed to traditional teaching, he saw cinema as a decisive vector for generating awareness, and ensured viewer interest by his attentiveness to aesthetics and rhythm, and the anecdotes and shafts of wit that accompanied his message. It was this injection of subjectivity into the scientific that gave a poetic dimension to his work. Since his time at the Sorbonne he had been close to the Surrealists, although more so to Yvan Goll, who posited a causal relationship between Science and Art, than to André Breton, for whom the two were inherently antagonistic. Painlevé was also closely connected to the artists who enlivened the Paris scene in the 1920s, among them Fernand Léger and Alexander Calder.
In the course of over 60 years Painlevé made some 200 films, of which L’Hippocampe (The Seahorse), in its 1935 sound version, remains the best known.
Four photographs of seahorses will be on show, together with a postcard advertising the «jHp» brand he founded in 1936 to market his seahorse-inspired jewellery and fashion accessories. In the vitrine can be seen the first, silent L’Hippocampe, long a confidential version shown in avant-garde film clubs in the early 1930s and screened by Painlevé himself throughout his life. This version testifies to its maker’s commitment to pre-sound «pure cinema» and the visual poetry he saw as a universal language.
He was inspired to make these two films by his interest in the seahorse as a species. This interest, though, had less to do with an affinity with a creature «good only for making toothpicks», than with the fascination exerted by a vertical fish whose male bears the eggs and gives birth painfully. In anthropomorphic mode Painlevé challenged human phallocracy via the seahorse’s gender reversal, and noted, «this was an authentic little Paris revolution. In the metro and on the bus you heard men say, ‘Have you seen that male that gives birth?’ and the answer, ‘Oh, I’ve known about that for ages.’»
Jean Painlevé (1902 - 1989) has exhibited extensively in Europe, in group shows such as « La Subversion des images » at the MAMVP in Paris in 2010. Amongst other group shows, he has taken part in « OBJECT:PHOTO » at MoMA in New York, in 2015. His works are part of public collections that include the Metropolitan Museum of Art, the MoMA, and the Cleveland Museum of Art, as well as the Nouveau Musée National de Monaco and the Centre Pompidou.
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