Jean-Luc Verna, "Head cut", 2020. Solvent transfer on ancient paper, pencil. Without frame 25,7 x 27,9 cm. Unique © Photo DR. Courtesy the artist and Air de Paris, Romainville.

Jean-Luc Verna, "Double Vue", 2020. Transfert sur papier Bristol rehaussé de crayopn et fard, 19,1 x 19,8 cm. Unique © Photo DR. Courtesy the artist and Air de Paris, Romainville.


Jean-Luc Verna, "Marque page", 2019. Transfert sur papier Bristol rehaussé de crayons, 21 x 10,5 cm. Unique © Photo DR. Courtesy the artist and Air de Paris, Romainville.


Jean-Luc Verna, "Eve Black", 2020. Transfert sur papier Bristol rehaussé de fards et crayon, 19 x 19,2 cm. Unique © Photo DR. Courtesy the artist and Air de Paris, Romainville.


Jean-Luc Verna, "Silent Hedges", 2020. Transfert sur papier ancien rehaussé de crayon, maquillage, 17 x 29 cm. Unique © Photo DR. Courtesy the artist and Air de Paris, Romainville.


Jean-Luc Verna, "Macho Man", 2020. 33,3 x 32,2 cm. Unique © Photo DR. Courtesy the artist and Air de Paris, Romainville.


Jean-Luc Verna, "Syldawie", 2020. 32,5 x 25,7 cm. Unique © Photo DR. Courtesy the artist and Air de Paris, Romainville.


Jean-Luc Verna, "Délicieusement gros", 2019. Transfert sur papier Bristol rehaussé de crayon et de peinture aérosol, 16,5 x 21cm. Unique © Photo DR. Courtesy the artist and Air de Paris, Romainville.


Jean-Luc Verna, "Land's end", 2020. 26,3 x 22,6 cm. Unique © Photo DR. Courtesy the artist and Air de Paris, Romainville.

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Il en est des oiseaux dessinés par Verna comme des oiseaux narrés par Aristote dans son Histoire des animaux : ils émergent d’autant de récits d’observation dont on ne peut déterminer la véracité, mais que l’on ne saurait pour autant mettre en doute. On ne saurait donc s’en tenir au fait que « les oiseaux sont des cons » (Chaval). Si le philosophe grec nous apprend que « chez les aigles qui vieillissent, le bec s’accroît, la partie se recourbant toujours davantage, et au bout du compte, ils meurent de faim » (IX, 32, 15), l’artiste tatoué nous apprend qu’il est des oiseaux qui volent à rebrousse-poil (Mal monté, 2020), à pic (Because the Night, 2020), qu’au moins une espèce de gallinacées n’a pas de crête, mais des perles à la place (Dernier Cri II, 2020). D’autres oiseaux volent la tête coupée (Head Cut, 2020). À moins encore qu’ils ne se dédoublent, et ce de bien des façons, selon le point de vue depuis lequel on les regarde (This Corrosion, 2020), ou par divers effets de gémellité (Bollock Brothers et Eve White, Eve Black, 2020). Quoi qu’il en soit, ils ne sont jamais trop maquillés.

Depuis quelques années l’on peut s’émerveiller de l’apparition d’oiseaux dans les dessins de Jean-Luc Verna. Loin d’avoir quitté le royaume de l’artifice dont on le sait coutumier, ces derniers dessins révèlent que sa pratique est portée par l’analogie de l’art et du vivant, selon laquelle l’art emprunte au vivant ses formes, ou, tout du moins, aux représentations plus ou moins scientifiques qu’il est possible d’en avoir. Le vivant est ici, il faut bien dire, plus proche de celui décrit par la pensée mythique que celui établi par la pensée classificatoire, entre lesquelles Aristote oscille. Peut-être même est-ce l’univers de Verna qui prend forme volatile et forme de volatile. Les animaux à plumes sont autant une réserve de formes dans lesquelles il puise que le réceptacle de ses obsessions et de sa propre mythologie. On retrouvera d’ailleurs également, dans cette nouvelle exposition chez Air de Paris de l’artiste, des dessins accolant des titres tirés de son Panthéon musical (Siouxsie and the Banshees, Bauhaus, Sisters of Mercy, etc.) à des paysages, formant autant de pochettes de disque, milieux sans oiseaux, alors qu’il en dessine hors de tout contexte. Et aussi des têtes de clowns, ultime espèce que ne saurait manquer son œil de naturaliste. Et enfin un immense rideau de scène qu’il s’agira de traverser pour accéder à l’espace d’exposition, métaphore de la traversée du regard auquel il nous invite. Car il en va de nous autres, spectateurs de dessins de la grande Verna, comme des petits de l’hirondelle : « si on leur crève les yeux quand ils sont encore jeunes, ils deviennent sains et voient par la suite » (VI, 5, 15).

Vincent Romagny



Jean-Luc Verna, "Mal Monté", 2020. Solvent transfer on Bristol paper, pencil, make-up. Without frame 16,16 x 25,1 cm. Unique. © Photo DR. Courtesy the artist and Air de Paris, Romainville.



The birds drawn by Verna are like the birds recounted by Aristotle in his History of Animals: they come to us out of a mass of observations whose veracity can neither be established nor called into doubt. So we can't put any faith in Chaval's notion that "Birds are jerks." While the Greek philosopher informs us that "In old age the upper beak of the eagle grows gradually longer and more crooked, and the bird dies eventually of starvation"(1), our tattooed artist teaches us that there are birds that fly backwards (Mal monté, 2020), or upwards (Because the Night, 2020) or that at least one gallinaceous species has pearls instead of a crest (Dernier Cri II, 2020). Other birds fly decapitated (Head Cut, 2020). Unless they split in all sorts of ways, depending either on the spectator's viewpoint (This Corrosion, 2020) or on various twinning effects (Bollock Brothers and Eve White, Eve Black, 2020).

Whatever the case, they're never too made-up. For some years now the appearance of birds in Jean-Luc Verna's drawings has been a source of wonderment. Far from having abandoned the kingdom of artifice we know as his customary terrain, these recent drawings reveal a practice founded on the analogy between art and living systems, which has it that art borrows its forms from the living world or, at the very least, from its more or less scientifically possible representations. Here, as we see Aristotle vacillating between mythical thinking and logical classification, it has to be said that myth comes closer to Verna's version. To the flightiness of his volatile vision. Our feathered friends are at once a form-hoard for him to draw on and the receptacle for his obsessions and personal mythology. We're also going to find, in this new exhibition at Air de Paris, drawings that link titles from his musical pantheon (Siouxsie and the Banshees, Bauhaus, Sisters of Mercy, etc.) to landscapes, record sleeves, birdless environments freed of all context. Not to mention clowns' heads, the ultimate unmissable species for his naturalist's eye. And finally a huge stage curtain to pass through into the exhibition space, a metaphor for the penetrating gaze he invites us to share. For we, spectators of the drawings of the great Verna, are like the little ones of the swallow: "If you prick out the eyes of swallow chicks while they are yet young, the birds will get well again and will see by and by."(2)

Vincent Romagny

1. Aristotle, The History of Animals, trans. Theodorus Gaza. First Rate Publications, IX, 32, 15.

2. Aristotle, The History of Animals, VI, 5, 15.


Jean-Luc Verna, "What's in a bird", 2019. Transfert rehaussé au crayon, papier Bristol, 21 x 29,7 cm. Unique © Photo DR. Courtesy the artist and Air de Paris, Romainville.


Jean-Luc Verna, "Dernier cri II", 2020. Crayon et fards sur papier taupe, 28,3 x 22,2 cm. Unique © Photo DR. Courtesy the artist and Air de Paris, Romainville.


Jean-Luc Verna, "Smile 3", 2020. Transfert sur papier ancien rehaussé de crayon, fard, maquillage et pastel sec, 28,9 x 28 cm. Unique © Photo DR. Courtesy the artist and Air de Paris, Romainville.


Jean-Luc Verna, "Big Foot", 2018. Transfert rehaussé de crayons, fards sur papier ancien, 24,1 x 32 cm. Unique © Photo DR. Courtesy the artist and Air de Paris, Romainville.


Jean-Luc Verna, "Le Cauchemar de Jules", 2020. Transfert sur papier Bristol rehaussé de crayon et maquillage, 32 x 25 cm. Unique © Photo DR. Courtesy the artist and Air de Paris, Romainville.


Jean-Luc Verna, "Smile", 2020. 33,3 x 28,9 cm. Unique © Photo DR. Courtesy the artist and Air de Paris, Romainville.


Jean-Luc Verna, "Tu peux crever", 2020. Crayons et fards sur papier ancien, 32, 1 x 27 cm. Unique © Photo DR. Courtesy the artist and Air de Paris, Romainville.


Jean-Luc Verna, "Kiripa", 2020. Crayon et fards sur papier peau d'éléphant, 22, 1 x 19,9 cm. Unique © Photo DR. Courtesy the artist and Air de Paris, Romainville.


Jean-Luc Verna, "Soeur-Sourire", 2019. Transfert rehaussé au crayon, fards, papier Bristol, 29,2 x 20,7 cm. Unique © Photo DR. Courtesy the artist and Air de Paris, Romainville.


Jean-Luc Verna, "Je suis partout", 2020. Transfert sur papier Bristol rehaussé de crayon et de fards, 29,7 x 21 cm. Unique © Photo DR. Courtesy the artist and Air de Paris, Romainville.



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