LA SUITE
5 septembre - 19 décembre 2009

LA SUITE [INTRO]
31.07.09

Une chose après une autre : une exposition, une foire, un verre de bon vin, un épisode de série américaine. Mais dans cette liste, chaque élément appelle sa propre suite : une exposition la suivante (sera-t-elle aussi bien / mieux ?), une foire la suivante (qui y sera cette fois ?), un verre de bon vin le suivant (le dernier ?), un épisode de série américaine l'épisode d'après (vivement celui d'après encore !). Chaque suite a sa logique interne : chaque nouvel élément, par rapport au précédent soit le remplace (la série), soit l'augmente (le vin), ou encore l'annule (la foire). Une exposition pourrait-elle accumuler presque toutes les caractéristiques des différents types de suite ? Une SUITE qui soit close mais vaste comme une suite d'hôtel pour accueillir une succession d'oeuvres, et dont l'enchaînement, la succession ne soient pas redondantes ou attendues. Une suite d'oeuvres, plus juste dans l'espace, dans le temps, mais qui fait lien avec ce qui était déjà là (une suite est forcément récursive), même si elle n'annonce pas sa logique propre (toute suite n'est pas jeu de domino, même si tout domino est une suite), et que justement elle ne s'interdit rien, et surtout pas une certaine réactivité vis à vis des imprévus ou rencontres. Et que, bien au contraire, elle se laisse la plus grande marge de manoeuvre possible pour accueillir tous type de successions. Une suite qui soit une fugue, en somme.

Mais une telle exposition est-elle possible ?

LA SUITE [INTRO]
07.31.09

One thing after another: an exhibition, an art fair, a glass of good wine, an episode from an American TV series. But each item on the list conjures up what follows: the next exhibition (will it be as good, or better?), the next art fair (who'll be there this time?), the next glass of wine (the last?), and the next episode (bring on the one after!). Each of these follow-ups has its own inner logic: each new element either replaces the previous one (the TV series), adds to it (the wine) or cancels it out (the fair). But what if an exhibition accumulated all the characteristics of these different kinds of follow-up? If so, it would be self-contained, yet big enough to accommodate a sequence which would never be repetitive or predictable. A succession of works offering a better spatial and temporal fit while still connected with what was already there (a follow-up being inherently recursive). Without necessarily making its rationale clear (not every follow-up is a domino sequence, even if every domino is a follow-up). And excluding nothing, especially a certain responsiveness to encounters and the unexpected? And on the contrary, leaving itself maximum room for manoeuvre so as to remain open to all kinds of follow-ups. Like a musical suite that is also a fugue…

But is an exhibition like this feasible?

.../ .../

5.09.09

LA SUITE vient avant et après à la fois : avant l'exposition d'après et après celle d'avant puisqu'elle sera toujours là, du moins jusqu'à la fin de l'année. Mais pas nécessairement selon la scansion des vernissages. LA SUITE a déjà commencé, avec une oeuvre de l'exposition précédente de Guyton\Walker. LA SUITE continuera avec les artistes de la galerie et des invitations. LA SUITE ne présume de rien, si ce n'est d'un exercice libéré de la mémoire et des associations, et de la surprise qu'elles peuvent générer.
Et s'il y a suite entre des oeuvres, c'est déjà que, si une oeuvre est unique (à peu de choses près...), fût-elle un ensemble ou une série, son unité est le résultat d'un procès qu'elle met en oeuvre et qui la fonde, de retour, comme art. Chaque oeuvre serait alors déjà à elle même sa propre SUITE.

Mais comment des oeuvres se suivent-elles ?

09.5.09

LA SUITE comes before and after at the same time: before the following exhibition and after the preceding one, because it will still be there, at least until the end of the year. But it doesn't necessarily follow the order of the openings. LA SUITE has already begun, with a work from the preceding Guyton\Walker exhibition. LA SUITE will continue with the gallery's artists and guests. LA SUITE makes no presumptions, except that of the free exercise of memory and association, and of the surprise they can generate.
And if there's a sequence – a SUITEness – between works, it's because when a work is unique (or pretty much so), its unity as an ensemble or a series is the outcome of a process it triggers and which, in return, establishes it as art. In which case each work will already be its own self-contained SUITE.

But how do works follow each other?

Allan McCollum & Allen Ruppersberg
Sets and Collections 8-1014, 2005-2008
Allan McCollum réalise ses shapes selon un mode combinatoire (mais pas informatique pour autant) qui lui permet d'en penser autant que la Terre comptera d'habitants en 2050, alors que Allen Ruppersberg conçoit des dispositifs de présentation, distribution de documents imprimés qui permettent aux spectateurs de réaliser des livres uniques (Never Ending Book, 2005). L'oeuvre qu'ils signent ensemble est composée des shapes du premier et des éléments de display du second, et garde les caractéristiques proches mais irréconciliables en droit des deux : l'unicité des shapes encadrés préserve le rôle des étalages, créer de l'unique, quand ces derniers présentent des objets toujours uniques, certes plus par le concours des spectateurs, mais qui renvoient toutefois à la propre unicité de ces derniers.
Deux géants se retrouvent!

Allan McCollum & Allen Ruppersberg
Sets and Collections 8-1014, 2005-2008
Allan McCollum makes his shapes using a combinatory – but  nonetheless non-computer – mode which allows him to dream up as many of them as the Earth will have inhabitants in 2050. Allen Ruppersberg, meanwhile, comes up with presentation and distribution systems for printed documents which allow viewers to create unique books (Never Ending Book, 2005). The work they have made together comprises shapes by the former and displays by the latter while retaining the similar but legally incompatible characteristics of both: the uniqueness of the framed shapes preserves the displays' role of creating the unique, while the latter present objects which are systematically unique (admittedly thanks to the help of the viewers), but which nonetheless reference the uniqueness of those viewers.
A meeting of two giants.

M/M (Paris)
Just like an ant walking on the edge of the visible (détail, réarrangé par la suite), 2009
Partie pour le tout, les lettres-tabourets L, A, S, U, I, T, E, sont extraits de la phrase Just like an ant walking on the edge of the visible, Chez le duo de graphistes M/M (Paris), les signes s'affranchissent des limites de la page pour se déployer dans l'espace. Ils cumulent alors l'écriture qui trace la lettre (la pointe qui écrit est le motif sérigraphié sur l'assise des tabourets), la lettre écrite (qui sert de pieds aux tabourets) et la possibilité de réaliser le geste qui les trace : les tabourets ont servi initialement à accueillir les participants d'un workshop de dessin donné par les artistes au Drawing Center qui les exposait.
Des stations de lectures.

M/M (Paris)
Just like an ant walking on the edge of the visible (detail, rearranged by la suite), 2009
With no effort spared, the stool-letters L, A, S, U, I, T, E, have been lifted from the phrase Just like an ant walking on the edge of the visible. In the work of graphic artists M/M (Paris), the characters break through the boundaries of the page and out into the surrounding space. Thus they accumulate the writing that traces the letter (the scriber being the silkscreened motif on the seats of the stools), the written letter (which functions as legs for the stools) and the possibility of performing the gesture that traces them: the stools were originally used by participants in a drawing workshop run by the artists at the Drawing Center where they were showing.
Reading stations.

Continuous Project
Untitled (Eric Hazan), 2006
Untitled (Alexander Kluge), 2006
Untitled (Deleuze & Guattari), 2006
Untitled (Walter Benjamin & Le groupe d'intervention sur les prisons), 2006
Composé de Bettina Funcke, Wade Guyton, Joseph Logan et Seth Price, le collectif Continuous Project (qui reprend son nom du Continuous Project Altered Daily de Robert Morris) remet en circulation des publications ou discussions d'artistes des générations précédentes, par le biais du facsimilé ou de la performance. Ici, ils remettent en circulation des prises de vues d'une bibliothèque éphémère à disposition des visiteurs d'une de leur exposition. La table de lecture devient murale, l'épaisseur du livre se réduit à sa couverture, la bibliothèque devient page, poster.
Nous nous passionnons toujours pour les entreprises collectives.

Continuous Project
Untitled (Eric Hazan), 2006
Untitled  (Alexander Kluge), 2006 Untitled  (Deleuze & Guattari), 2006
Untitled  (Walter Benjamin & The Prison Action Group), 2006
Made up of Bettina Funcke, Wade Guyton, Joseph Logan and Seth Price, the Continuous Project collective – the name comes from Robert Morris's Continuous Project Altered Daily – uses facsimiles and performances to put publications and discussions by artists of earlier generations back into circulation. Here they use photographs of an ephemeral library made available to visitors to one of their exhibitions. The reading table becomes part of the wall, the book becomes no thicker than its cover, the library becomes a page, a poster. Air de Paris has always been passionately interested to collective ventures.

Liam Gillick
The Potential of the Spontaneous or Disorganised Group, 2006
Les termes de l'énoncé de Liam Gillick laissent supposer un potentiel de désorganisation, qui n'est pas sans renvoyer à la forme classique de l'énoncé, mais qui, réinscrit trois fois sans apparente raison, laisse affleurer ledit potentiel de désorganisation, dans l'esprit du spectateur cette fois. Le spectateur-lecteur se retrouve alors pris dans le vertige de l'énoncé. De l'aveu de l'artiste, l'oeuvre doit "faire l'image d'abord, et que cela oeuvre au développement d'une série de concepts". Ici, le flou et le désordre adviennent de la clarté de l'énoncé, des particularités de son image et de l'esprit de leur lecteur.
Le potentiel, c'est celui de la SUITE.

Liam Gillick
The Potential of the Spontaneous or Disorganised Group, 2006
The terms of Liam Gillick's statement suggest a potential for disorganisation which both draws our attention to the classical character of the statement and, thrice rewritten for no apparent reason, here allows the aforesaid potential for disorganisation to peep through the surface of the viewer's mind. By the artist's own admission, the work of art must "first provide the image, and in doing so help develop a series of concepts." Here vagueness and disorder emerge out of the clarity of the statement, the particularities of the image and the mind of the reader.
The potential is the potential of LA SUITE.

Moriceau & Mrzyk
Ephéméride, 2008
Petra Mrzyk et Jean-François Moriceau n'ont pas une idée par dessin, mais au moins quatre. Le dessin n'a jamais tant mérité sa définition classique de pratique mentale. A l'origine de cette dernière série de dessins, celle de revisiter le topos éculé du dessin comme pratique quotidienne en réalisant un éphéméride pour l'année 2009. Soit au moins 365 x 4 idées.
Grâce à eux, l'exposition change tous les jours...

Moriceau & Mrzyk
Ephéméride/Tear-off Calendar, 2008
Petra Mrzyk and Jean-François Moriceau don't have one idea per drawing – they have at least four. Drawing has never been so deserving of its classical definition as mental activity. The origin of this most recent series is a return to the hackneyed topos of drawing as a daily practice via a tear-off calendar for the year 2009. A least 365 x 4 ideas, then.
Thanks to them the exhibition changes every day.

Trisha Donnelly
Ajout de dernière minute

À suivre.

Trisha Donnelly
Last minute addition

To be continued.

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