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mars – 9 avril 2005
AIR 2 PARIS
Ben Kinmont
Né dans le
Vermont en 1963. Il vit et travaille à San Francisco.
Depuis le début des années 90, Ben Kinmont documente par
l’image, le texte et divers objets ou ephemera des actions qu’il
réalise pour interroger
le statut de
l’art et son rapport à la communauté. Il considère
la production artistique comme un échange intellectuel et émotionel,
susceptible
d’intéresser tout le monde. C’est pourquoi, il choisit
d’aller à la rencontre du public partout où il se
trouve, dans la rue, à son travail, ou chez lui.
Il fait la vaisselle dans le restaurant d'un musée et chez des
particuliers, reçoit des étrangers à petit-déjeuner
dans sa propre maison, interroge
des passants sur la possibilité de considérer une conversation
comme une oeuvre d'art, instaure une activité d’éditeur
avec Antinomian Press...
Ses œuvres destinées au marché de l’art sont
des boîtes d'archives contenant toute la documentation d’une
action. Mais posséder l’une d’elles
implique la responsabilité d’actualiser ce fond au gré
de l’évolution de son travail. Le collectionneur-archiviste
relaie ainsi l’artiste ou le galeriste.
Parallèlement, il choisit de gagner sa vie en se spécialisant
dans la vente de livres anciens sur la nourriture, le vin et l’économie
domestique,
en considérant cette activité comme une véritable
scultpure : « l’œuvre d’art n’est pas le
business en tant que tel, mais la contribution à nos coût
de vie ».
Ben Kinmont a élargit sa pratique en entamant un travail de collecte
d’archives concernant des artistes restés méconnus.
Ainsi dans la journée
du 5 mars Paris, il s’est posté face au Musée du Louvre
afin de publier et de distribuer en direct un livre sur Christopher D’Arcangelo,
artiste américain
actif à New York et à Los Angeles entre 1974 et 1979, dont
le travail, fortement empreint des idées anarchistes, interrogeait
la place de l'artiste
dans une économie capitaliste. Dans la galerie Air de Paris, il
présente le début d’un projet d’archive, Digger
Dug (part one), qui analyse et confronte
production artistique et actions sociales. L’ensemble de sa recherche
prend place sur la Table sans nom de Pierre Joseph, offrant une ramification
potentielle. En relation avec ces archives, Ben Kinmont a réalisé
un ensemble de quatre aquarelles sur toile intitulé « Also
», dont le bénéfice des
ventes sera entièrement reversé à l’ANECAH
(Association Nationale d’Education de Chiens d’Assistance
pour Handicapés), situé à quelques
mètres de la galerie.
The Digger Dug* (première partie)
Archives commencées en 2004
Je m’intéresse aux possibilités et limites d’une
aide sociale lorsqu’elle s’intègre à une pratique
artistique.
Lorsqu’on quitte la galerie ou le musée pour entrer dans
le domaine public où la conformation des valeurs et des besoins
est sensiblement différente,
les artistes expriment en général l’urgence d’un
élargissement du discours culturel en y incluant l’échange
de valeurs et d’informations entre personnes
habituellement exclus du discours de l’art. Cette décentralisation
s’accompagne souvent d’un désir (parfois utopiste)
d’aider les autres d’une façon
généralement non prise en compte par le monde de l’art.
Avec the Digger Dug (première partie) je m’adresserai à
divers activistes et travailleurs sociaux professionnels pour connaître
les possibilités et limites
d’une aide sociale envisagée en tant que pratique artistique.
Les premières archives de ce projet seront présentées
aux visiteurs pour être manipulées
et reproduites au moyen d’un photocopieur. Le projet étant
en cours, des notes, des photographies et divers autres matériaux
seront progressivement
ajoutés aux archives pendant et après l’exposition.
Le Antinomian Press (le journal antinomien**) publiera les contrats d’archives
pour la propriété et l’exposition comme complément
d’information sur
les archives. Ces documents indiquent le fonctionnement des objets qui
les constituent.
____________
Le Antinomian Press est un projet de publication en cours
qui vise à soutenir des œuvres sous forme de projets à
longs termes, qu’elles soient historiques ou récentes.
Les Diggers étaient des antinomiens politisés qui vécurent
en Angleterre de la fin des années 1640 jusqu’au début
des années 1650. Se faisant appeler les “ true levelers ”
(les vrais niveleurs) ils se sont fait connaître par leurs protestations
contre la saisie (ou la fermeture) par le gouvernement des commons (les
communes), sorte de propriétés
communales qui existaient à travers l’Angleterre et où
les gens pouvaient librement faire paître leur bétail et
jardiner pour subvenir à leurs besoins. En ces temps de guerre
civile, les Diggers profitaient de la relative absence de contrôle
sur la presse pour publier pamphlets et brocards critiquant la notion
de propriété privée, appelant à la tolérance
religieuse et au renversement du pouvoir ecclésiastique. Mais,
à peine Oliver Cromwell avait-il consolidé son pouvoir militaire
pour ne plus dépendre du soutien de ses
“ hommes sans maîtres ”, que le groupe fut démantelé
par la force et cessa d’exister.
* les Diggers étaient ainsi nommés parce qu’ils creusaient
la terre (to dig en anglais) pour la cultiver mais aussi parce qu’ils
vivaient dans une relative autarcie où l’on estimait
qu’ils “ s’enterraient ” (they were dug) [ndt].
** d’antinomianisme, sorte d’extrémisme égalitaire
protestant affirmant que la grâce Divine est accordée à
tous les hommes sans exception [ndt]. |
Also, 2005
To also redirect on attention, sale of these pieces will go to Association
Nationale pour l'Education de Chiens d'Assistance pour Handicapés.
The organization is only three blocks away from Air de Paris and all the
money raised by the sale of these pieces will be administedred by ANECAH
to cover the cost of one trained dog. |
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The
Digger Dug* (première partie)
Archives commencées en 2004 |