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La photo d’une main qui griffonne, l’expression du visage d’un chanteur, des mots et
des phrases écrites sur les nappes d’un restaurant. Ces éléments rassemblés par Joseph
Grigely constituent l’insolite catalogue d’un système qui nous semble inconnu.
Pour célébrer les 20 ans de sa collaboration avec Air de Paris, Joseph Grigely propose
une exposition dont le titre est indicible. Il n’est pas ici question d’une incapacité à
traduire un sentiment car ce qui est signifié est là, couché sur le papier. Vous pouvez le
voir, mais pas le dire et ce qui ne peut être articulé par la parole, ne peut être entendu.
A 10 ans Joseph Grigely a perdu l’ouïe, il n’entend plus, pas même les bruits de son
propre corps. Comme la musique qu’il perçoit en posant la main sur les parois des
murs, ce titre est comme un doigt posé sur votre veine: une vibration, un battement.
Ce système est celui que l’artiste a mis en place pour communiquer avec le monde qui
l’entoure. «Quand je suis avec des amis, je décèle fréquemment au travers de leurs
expressions faciales que quelque chose d’auditif s’est passé. Est-ce quelque chose que
quelqu’un a dit ? Est-ce quelque chose qu’ils ont entendu? Dans une situation comme
celle-là, je demande souvent aux gens de m’écrire les choses. J’en apprends beaucoup
du monde ainsi »
Joseph Grigely conserve ces bribes de conversations et les extrait de leur réalité. Si les
Untitled conversations1 n’ont pas de titres, elles ont des sous-titres; entre parenthèses
figure un mot, une phrase qui comme une clef sémantique identifie un processus de
communication. Un déplacement s’opère, les mains deviennent des outils, les visages
des instruments, les nappes usées des pages blanches et le media un message. Cette
stratégie opère à plusieurs niveaux. Initialement utilisée dans une exposition comme
support pour les oeuvres de Amy Vogel, Horizontal Storage Rack a été reproduite, mais
augmentée d’un pied en polyuréthane. Elle devient un témoin «moins objet que trace
d’un mouvement2», le souvenir d’une exposition passée.
Se jouant des niveaux de réalité, Joseph Grigely fait défiler le générique d’une exposition
qui n’a jamais eu lieu sur une musique constituée de souvenirs issus de sa mémoire
auditive et de la transposition des sons qu’il perçoit par la vue et le toucher. Il avait
été évoqué de réunir Pierre Joseph et Joseph Grigely autour de leur passion commune
pour la pêche. Leur hobby, leurs noms, les sons et leurs souvenirs se mélangent. Ils
flottent, comme des fantômes, comme la patte manquante d’une table.
1. ex: Untitled Conversations (Names); Untitled Conversations (The twists and turns that conversation take)
2. Roland Barthes, Mythologies, 1954-1956. A propos du plastique.
Press Release.pdf
Liste des oeuvres
Installation views
Exhibition views
Air de Paris, 2017
UK
A photo of a hand scribbling, the expression on a singer’s face, words and phrases
written on restaurant tablecloths: traces brought together by Joseph Grigely in the
strange catalogue of a system we cannot fathom.
To celebrate his 20 years with Air de Paris, Grigely has come up with an exhibition
whose title eludes enunciation. This is not a matter of an inability to convey a feeling,
for the meaning is right there on the paper. You can see it, but you can’t say it, and
what can’t be verbally stated can’t be heard. Grigely became deaf when he was 10 and
can’t even hear the sounds of his own body anymore. Like the music he perceives by
putting his hands on walls, this title is like a finger placed on your vein: a vibration, a
beating.
This is the system the artist has set up for communicating with the world around him.
«When I’m with friends I can often tell from their facial expressions that something
auditory has happened. Is it something someone has said? Or something they’ve
heard? In that kind of situation I often ask people to write things down for me. I learn
lots about the world that way.»
Grigely keeps these scraps of conversation and extracts them from their real context.
If his Conversations1 are untitled, they certainly have subtitles; a word or phrase in
parenthesis can act as a semantic key that identifies a communication process. A shift
takes place: hands become tools and faces instruments, worn tablecloths become blank
pages and the medium becomes a message. This strategy functions on several levels:
originally used in an exhibition as a support for the works of Amy Vogel, Horizontal
Storage Rack has been reproduced, but augmented with a polyurethane leg. It becomes
a witness, «not so much an object as the trace of a movement2» – a memory of a past
exhibition.
Playing on the levels of reality, Grigely scrolls through the credits of an exhibition that
never happened, via a sound track put together from auditory memory, sight, and
touch. There had been talk of bringing together Pierre Joseph and Joseph Grigely and
their shared passion for fishing. Their hobby and their names, sounds, and recollections
intermingle. Floating like ghosts, like the missing leg of a table.
1. ex: Untitled Conversations (Names); Untitled Conversations (The twists and turns that conversation take)
2. Roland Barthes, Mythologies, 1954-1956. About plastic.
Press Release.pdf
List of works