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La belle Kira, héroïne de la fable disco Xanadu, s’opposerait à Carrie, souffre-douleur
devenu bourreau, de Carrie au bal du diable. De ces deux films, Brice Dellsperger
extrait une scène qu’il s’approprie en proposant un dérèglement, une vibration des
formes produisant un double.
C’est en 1995 que Brice Dellsperger entame la série des Body Double, titre ready-made
emprunté au film de Brian de Palma. De film en film, de remake en remake il explore
le processus de doublage : les personnages étant performés par un seul acteur, les
acteurs étant souvent transformés en actrice. Se jouant de la multiplicité, il agit tel un
prisme qui traversé par un rayon de lumière en fait surgir le spectre.
Dans Body Double 32, Brice Dellsperger reprend la deuxième scène de Carrie au Bal
du Diable1. Interprétées par Alex Wetter, mannequin androgyne, de joyeuses jeunes
filles chahutent dans l’atmosphère moite d’un vestiaire au milieu de rangées de casier
qui semblent en se dédoublant former une boucle spatio-temporelle. Celle-ci prend fin
quand tour à tour elles disparaissent dans la fumée et se transforment en une infinie
variation de Carrie. Sous la douche, celle-ci semble inconsciente de ce qui l’entoure. La
caméra, avec une certaine sensualité, suggère que l’enfant devient femme. Avec effroi,
elle constate que ses mains sont couvertes de sang.
Dans Body Double 35, Brice Dellsperger reprend la deuxième scène de Xanadu2 .
Interprétées par François Chaignaud, chorégraphe et danseur, de sémillantes muses
s’extraient d’un mur peint en dansant. A l’occasion d’une exposition3 au Swiss Institute,
Brice Dellsperger fait reproduire cette fresque. Opérant un basculement, la création du
décor précède l’idée du film et en devient même l’origine. L’équilibre complet semble
en être affecté, les plans sont inversés et Kira4 danse dans un mouvement contraire
jusqu’à se figer dans le mur. La boucle est bouclée.
La proposition de Brice Dellsperger est a priori antinomique : Kira vs Carrie. Kira gravite
dans la lumière quand seule la brume nimbe Carrie ; la première dispense amour et
inspiration quand la seconde ne répand que la mort ; l’une est la fille d’un Dieu quand
l’autre danse au bal du Diable.
Chez Air de Paris, Body Double 32 et Body Double 35 seront projetés alternativement
sur le même écran. Une forme d’interdépendance semble les lier : Kira et Carrie sont-ils
pas des anagrammes phonétique? Les rayons lumineux ne se révèlent-ils pas à travers
la fumée ? Et de l’autre côté du miroir Kira ne serait-elle pas le double de Carrie ?
1. Film culte de Brian de Palma sorti en 1976.
2. Film de Robert Greenwald sorti en 1980. Echec critique et commercial, il marque la fin de l’époque disco.
3. FADE IN: INT. ART GALLERY – DAY, Swiss Institute, New York USA, 03.03-19.05.2016
4. Incarnation de Terpischore qui dans la mythologie grecque était la muse de la danse
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Liste des oeuvres
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Air de Paris, 2017
UK
The beauteous Kira, heroine of the disco fable Xanadu, is imagined in a standoff with
Carrie, the scapegoat turned persecutor. From each film Brice Dellsperger extracts
a scene and appropriates it via a destabilisation, a formal vibration that generates a
double.
Dellsperger began his Body Double series in 1995, borrowing the title readymade from
the film by Brian de Palma. From one film to the next and from remake to remake he
explores the doubling process, with the roles being played by the same actor and the
actors often turned into actresses. In this play on multiplicity he functions like a prism
traversed by a ray of light and then emitting its spectre.
For Body Double 32, Dellsperger takes the second scene from Carrie1. Played by
androgynous model Alex Wetter, a happy gang of girls are whooping it up under the
showers in a high school locker room where the rows of lockers seem to double up and
form a space-time loop. The loop comes to an end as, one by one, they disappear into
the steam and turn into infinite variations on one of their number: Carrie. Still under
the shower, Carrie herself seems unaware of what is going on around her. With a touch
of sensuality the camera suggests that the child is becoming a woman. Terror-stricken,
Carrie sees that her hands are covered with blood.
For Body Double 35, Dellsperger takes the second scene from Xanadu2. Played by
choreographer/dancer François Chaignaud, a sprightly group of Muses emerges
dancing from a painting on the wall. At an exhibition3 at the Swiss Institute in 2016
Dellsperger reproduced the wall painting and in a strange switch the creation of the
set precedes the idea of the film, even becoming its trigger. The entire equilibrium of
things seems to be affected: the shots are reversed and Kira4 dances backwards until
she becomes one with the wall. The loop is closed.
Dellsperger’s idea seems fundamentally antinomic: Kira vs. Carrie. Kira is bathed in
light, Carrie only in mist; Kira spreads love and inspiration, Carrie only death; Kira is the
daughter of a God, Carrie dances at Satan’s ball.
At Air de Paris, Body Double 32 and Body Double 35 are shown alternately on the same
screen, seemingly linked by a kind of interdependence: are not the names Kira and
Carrie phonetic anagrams? Do not the rays of light show through the mist? And on the
other side of the mirror, might not Kira be Carrie’s double?
1. The cult movie directed by Brian de Palma, released in 1976.
2. Directed by Robert Greenwald, released in 1980. A critical and commercial flop that marked the end of the disco era.
3. FADE IN: INT. ART GALLERY – DAY, Swiss Institute, New York USA, 03.03-19.05.2016
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