Leonor Antunes

Acrotonie

February 4 – March 25

Image d'archive de « La Maison du Jeune Homme », espace conçu par Le Corbusier, René Herbst, Pierre Jeanneret, Louis Sognot et Charlotte Perriand lors de l’Exposition internationale de Bruxelles en 1935.
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FR Acrotonie décrit la tendance commune à la plupart des arbres et plantes à alimenter prioritairement les branches situées à leurs sommets, près de leurs cimes, à nourrir leurs esprits en premier en quelque sorte. C’est aussi l’occasion pour Leonor Antunes d’introduire une réflexion sur la colonisation, celle des végétaux entre eux d’une part, mais aussi celle de la multitude de variétés transportée par l’homme. Les espèces choisies pour cette troisième exposition à Air de Paris, seront mises en dialogue avec de nouvelles sculptures. Apparaît alors un décalage, une expansion semblable au blow-up produit lors de la réalisation des nouvelles sculptures de l’artiste. Un agrandissement qui diffère de sa signification classique — visant notamment à développer la répétition d’un module dans un tout, ou du passage dans un autre matériau — puisque l’élargissement englobe cette fois l’ensemble des mesures et matériaux d’origine rendant le motif initial méconnaissable. Composées alternativement de bois, cordage, métal (tubulaire), leurs contours sont prélevés sur des formes dites fonctionnelles. Architectures, mobiliers, emblématiques d’un mouvement moderne.

De ce design hérité, nous ne reconnaîtrons qu’une évocation des lignes, concentrant ainsi davantage notre regard sur l’état même de sa fonction, à présent désincarnée. Est-ce vraiment possible de créer un nouvel objet, affranchi de tout contexte et de toute histoire généraliste de lui-même ? Voici une des questions inhérentes à la découverte de l’œuvre de Leonor Antunes dont une large partie s’appelle « discrepancies with ».

À travers ce titre, elle invite les acteurs du modernisme et nous rappelle notre lien avec des traditions et pratiques établies. De fait, les objets mais aussi les plantes composant et dominant notre environnement sont avant tout, porteurs d’une histoire, d’une culture ; celle d’un possible voire d’une avant-garde.

Pour cette troisième exposition à Air de Paris, seront évoqués des pionniers tels que Sergio Rodrigues (considéré comme le père du design brésilien), les rationalistes italiens Franca Helg & Franco Albini basés à Milan (qui fût un des premiers architectes à collaborer avec une femme dans son studio) et Charlotte Perriand.

Acrotonie nous accueille dans un espace scindé en deux, dissocié par un écran tissé. Ce plan fixe est la reproduction d’un élément co-signé Perriand composant « La Maison du Jeune Homme » un espace temporaire duquel émane de fortes convictions politiques, créé dans la cadre de l’exposition universelle de Bruxelles en 1935. Il est convoqué en tant qu’unité de mesure, apportant une grille de proportions à l’image du système de mise au carreau de la renaissance développé par Alberti. Et c’est ce même filtre visuel qui se mesure aujourd’hui à nous dès l’entrée de l’exposition.

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EN Acrotony is the tendency of most trees and plants to give nutritional priority to the lateral shoots nearest the apex of the main shoot — to put the emphasis on spiritual nourishment, you might say. It also provides Leonor Antunes with an opportunity to reflect on the colonisation of plants: not only directly — by other plants — but also by the host of varieties transported by humans. For this, her third exhibition at Air de Paris, the artist has opted for interaction between a selection of species and her new sculptures. The upshot is a discrepancy, an expansion similar to the blow-up process involved in the creation of those sculptures; an enlargement in a different, non-classical sense notably directed at the repetition of a module within a whole, or at the transition to another material — since this particular amplification has a blanket effect on the original dimensions and materials which renders the initial motif unrecognisable. Alternating wood, rope and metal tubing, the works’ contours are lifted from “functional” forms: buildings and furniture emblematic of a modern movement.

Here we recognise only an evocation of the lines of this design heritage, and this in turn focuses the eye more closely on its — now disembodied — functional state. Is it actually possible to create a totally new object, emancipated of all context and of any generic history of its own? This is one of the questions inherent in the discovery of the Antunes oeuvre, a large part of which is titled “Discrepancies with.”

This title is at once a summons to some of modernism’s players and a reminder of our connection with tradition and established practices. Thus not only the objects but also the plants making up and dominating our environment are above all bearers of a history, a culture: that of a possibility, or even of an avant-garde.

This third Air de Paris show, then, harks back to pioneers like Sergio Rodrigues, considered the father of Brazilian design; the Milan-based Italian Rationalists Franca Helg & Franco Albini, the latter being one of the first architects to work with a woman in his studio; and Charlotte Perriand.

Acrotony invites us into a space divided into two separate parts by a net screen. This static shot reproduces a component, co-signed by Perriand, of the “Bachelor House,” a temporary space emanating powerful political convictions that was created for the Exposition Universelle — the World’s Fair — in Brussels in 1935. Here it is called upon as a unit of measurement providing a grid of proportions as in the squaring-up procedure invented by Alberti during the Renaissance. And this same visual filter confronts us when we enter the exhibition.