© Liam Gillick
The Red Wood Pigeon Meets Some Meetings
FR
Au printemps dernier, Liam Gillick a passé un peu de temps dans un pub de Limerick au titre de sa contribution pour l'EVA International, la biennale irlandaise. Il avait organisé un festival de cinéma parlé au Mother Mac's bar sur High Street. Pour changer un peu, les gens dans le pub l'écoutaient raconter l'histoire d'un film du début à la fin. Le film en question était Palombella Rossa sous la direction de et avec Nanni Moretti. Chaque scène était ainsi décrite en détail pendant que les gens s'asseyaient pour prendre un verre, allaient et venaient avant de prendre eux-mêmes le relai en racontant à leur tour un film. Pour Air de Paris, une série d'œuvres graphiques reviendra sur cette narration d'un film dans un bar. Elles seront articulées à une série de photographies récentes de rencontres au sein de contextes artistiques prises par l'artiste. Si l'on veut comprendre les tendances en art, il faut prêter attention aux structures sous-jacentes au partage des idées. C'est particulièrement vrai lorsqu'on prend en considération le fait que le processus discursif est à la base de toute pratique artistique réflexive. Il est nécessaire de trouver une manière de décrire, de cartographier et de comparer les processus qui ont effectivement eu lieu sous la surface des modèles récents de curating et de pratiques artistiques. J'aimerais tenter un moment de m'éloigner des relations anecdotiques, locales ou géographiques aux activités artistiques, ainsi que de la conscience de « l'événement singulier ». En même temps, j'aimerais observer les échos dans la culture qui seraient susceptibles de fournir un indice de techniques productives parallèles.
Liam Gillick (né en 1964) déploie des formes multiples qui visent à exposer les nouveaux systèmes de contrôle idéologique qui ont émergé au début des années 1990. Il a élaboré un certain nombre de récits clé qui se font souvent le moteur d'un ensemble d'œuvres. McNamara (depuis 1992), Erasmus is Late et Ibuka ! (à partir de 1995), Discussion Island / Big Conference Center (à partir de 1997) et Construction of One (depuis 2005). L'œuvre de Liam Gillick expose les dysfonctionnements de l'héritage moderne du côté de l'abstraction et de l'architecture lorsqu'elles sont aux prises avec le consensus néo-libéral globalisé. Son œuvre trouve un prolongement dans la réinterprétation structurelle de l'exposition comme forme. Il a par ailleurs produit plusieurs courts-métrages depuis la fin des années 2000 qui traitent de la construction du personnage du créateur à l'aune de la mutabilité durable de l'artiste contemporain comme figure culturelle. Margin Time (2012), The Heavenly Lagoon (2013) et Hamilton : A Film by Liam Gillick (2014). L'ouvrage Industry and Intelligence : Contemporary Art Since 1820 a été publié par Columbia University Press en mars 2016. L'œuvre de Liam Gillick a été présentée dans de nombreuses expositions d'importance, parmi lesquelles la Documenta et les Biennales de Venise (où il a représenté l'Allemagne en 2009), de Berlin et d'Istanbul. Il a eu des expositions personnelles au Museum of Contemporary Art de Chicago, au Museum of Modern Art de New York et à la Tate de Londres. Le travail de Liam Gillick est aujourd'hui présent dans de nombreuses collections publiques de première importance dont celles du Centre Georges Pompidou à Paris, des musées Guggenheim de New York et Bilbao et du Museum of Modern Art de New York. Ces vingt-cinq dernières années, Liam Gillick a aussi été un écrivain et un critique d'art contemporain prolifique — avec des contributions pour Artforum, October, Frieze et e-flux Journal. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages dont un recueil d'une sélection de ses écrits critiques. Parmi ses commandes les plus en vue on compte le bâtiment du British Government Home Office (Ministère de l'intérieur) de Londres et le siège social de la Lufthansa à Frankfort. Durant tout ce temps, Liam Gillick a étendu son travail à des projets expérimentaux et à des collaborations avec des artistes comme Philippe Parreno, Lawrence Weiner et Louise Lawler.
Exhibition views "The Red Wood Pigeons Meets Some Meetings"
Air de Paris, 2016
EN
This spring Liam Gillick spent some time in a pub in Limerick as his contribution to EVA International, the Irish Biennial. He had organized a spoken word film festival at Mother Mac’s bar on High Street. To get things moving, people in the pub listened as he told the story of a special film from start to finish. The film was “Palombella Rossa” directed and starring Nanni Moretti. Every scene was described in detail while people sat and drank, came and went and then took over with their own telling of a movie.
For Air de Paris a series of graphic works will outline this telling of a film in a bar. These will be combined with a series of photographs the artist has taken over the last years of people having meetings in an art context.
If we want to understand tendencies in art, we have to look at the structures that underscore the sharing of ideas. This is especially true when we consider discursive processes to be the base of self-conscious art practice. It is necessary to find a way to describe, map, and analogize the processes that have actually been taking place under the surface of recent models of curating and artistic practice. I’m trying for a moment to get away from anecdotal, local, and geographical relationships to artistic activity and away from “special event” consciousness. At the same time, I want to look at echoes in the culture that might provide a clue to parallel productive techniques.
Liam Gillick (b.1964) deploys multiple forms to expose the new ideological control systems that emerged at the beginning of the 1990s. He has developed a number of key narratives that often form the engine for a body of work. McNamara (1992 onwards)
Erasmus is Late & Ibuka! (1995 onwards) Discussion Island/Big Conference Center (1997 onwards) and Construction of One (2005 onwards). Gillick’s work exposes the dysfunctional aspects of a modernist legacy in terms of abstraction and architecture when framed within a globalized, neo-liberal consensus. His work extends into structural rethinking of the exhibition as a form. In addition he has produced a number of short films since the late 2000s which address the construction of the creative persona in light of the enduring mutability of the contemporary artist as a cultural figure. Margin Time (2012) The Heavenly Lagoon (2013) and Hamilton: A Film by Liam Gillick (2014). The book Industry and Intelligence: Contemporary Art Since 1820 was published by Columbia University Press in March 2016.
Gillick’s work has been included in numerous important exhibitions including documenta and the Venice, Berlin and Istanbul Biennales - representing Germany in 2009 in Venice. Solo museum exhibitions have taken place at the Museum of Contemporary Art in Chicago, the Museum of Modern Art in New York and Tate in London. Gillick’s work is held in many important public collections including the Centre Pompidou in Paris, the Guggenheim Museum in New York and Bilbao and the Museum of Modern Art in New York. Over the last twenty five years Gillick has also been a prolific writer and critic of contemporary art – contributing to Artforum, October, Frieze and e-flux Journal. He is the author of a number of books including a volume of his selected critical writing. High profile public works include the British Government Home Office (Interior Ministry) building in London and the Lufthansa Headquarters in Frankfurt. Throughout this time Gillick has extended his practice into experimental venues and collaborative projects with artists including Philippe Parreno, Lawrence Weiner and Louise Lawler.
Traduction : Gauthier Herrmann
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Sadie Benning
Television
2016
Medite, aqua resin, casein and acrylic, found objects, photographs, digital print
78,74 x 113,03cm
L'oeil de l'esprit
FR
Sadie Benning a commencé à produire des vidéos expérimentales en 1988, pendant son adolescence. Ses films noir et blanc, lo-fi, exploraient des questions d'identité, du langage et de la mémoire. Improvisés avec le matériel disponible sur le moment, Benning a construit des images animées à partir d'objets trouvés, de dessins, textes, performances et rushes. Depuis les vingt dernières années, la forme, le contenu et la poésie explorés dans ses œuvres de jeunesse ont mûri avec l’engagement de l’artiste et l’évolution de questions politiques, conceptuelles et matérielles.
Depuis peu, Benning produit des œuvres murales qui perturbent les catégories de peinture, dessin et sculpture. Ces œuvres commencent par un traçage sur un panneau de bois. Les éléments constitutifs de l'image sont ensuite découpés, des couches d’aqua-résine colorées sont appliquées sur ces formes qui seront ensuite poncées et modelées puis rassemblées pour former la composition finale. Lors de l’assemblage, les interstices entre les pièces deviennent un espace conceptuel de projection personnelle : « Il y a un vide entre les panneaux qui correspond à ce troisième espace dont je parle - cette vacance où nous devons imaginer quelque chose d'autre. La ligne manquante. Ce n’est que de l’air, et une ombre ».
Les objets exposés dans « L’œil de l'esprit » veulent explorer cet espace liminal génératif entre langage et expérience. Chacune des œuvres n’a qu’un seul mot pour titre : Nuit, Parc, Pensées. Si chacun de ces mots peut décrire littéralement un élément de chaque œuvre, ils mettent également en évidence la nature associative de ces compositions et le réflexe herméneutique propre au spectateur.
Contrairement à nombre de ses expositions précédentes, « L’œil de l'esprit » a été produit sans volonté de narration préalable. Lors de la production des œuvres, une série de connexions poétiques ont émergées, qui explorent les limites profondes de l'utilité du langage pour décrire l'identité et représenter l'expérience individuelle.
Exhibition views "L'oeil de l'esprit"
Air de Paris, 2016
EN
Sadie Benning started making experimental videos as a teenager in 1988. The low-fi black and white videos explored aspects of identity, language and memory. Improvising with materials that were immediately available at the time, Benning constructed moving images from found objects, drawings, text, performance and personally shot footage. The form, content and poetics explored in these earlier video works has expanded over the past two decades, as the artist continues to wrestle with evolving, political, conceptual and material questions.
More recently, Benning has produced wall-mounted works that trouble the categories of painting, drawing and sculpture. These works begin with a tracing on a single panel of wood. The component parts of the image are cut-out, layers of aqua-resin are applied to these forms, which are then sanded and molded, and finally fit back together to form the final composition. When assembled, the gaps between the pieces becomes a conceptual space of personal projection: "There is a space between the panels that is the third space I'm talking about – the place where you have to picture something else. You have to imagine the line that is missing. It's just air, and shadow."
The objects in Mind’s Eye were produced with the intention of exploring this generative liminal space between language and experience. Each of the works in the exhibition has a single word title: Night, Park, Thoughts. While these words may literally describe some part of the images contained within the work, they also highlight the associative nature of these compositions and the viewer’s own hermeneutic impulse. Unlike many of Benning’s previous exhibitions, Mind’s Eye was produced without a specific narrative in mind. What emerged in the production of the work is a series of poetic connections that explore the profound limits of the utility of language to describe identity and represent individual experience.
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