Pendant plus de quarante ans, Channa Horwitz a produit des dessins, peintures et installations ; elle a inventé un vocabulaire formel structuré, construit sur une grille standardisée (celle du papier millimétré) et un procédé de notations allant des chiffres 1 à 8 correspondant chacun à une couleur. Ce système, que l’artiste appelle « Sonakinatography » a été développé afin de marquer et d’exprimer le temps, le mouvement et le rythme. Plusieurs de ses œuvres ont d’ailleurs été initialement imaginées comme des partitions — détaillant des notations pour des danseurs et musiciens. Le processus de création des dessins et la minutie de leur réalisation suggèrent l’enregistrement du temps, du travail et de la pensée même de l’artiste. Les fortes contraintes qui président à l’élaboration des œuvres d’Horwitz ouvrent la porte d’un univers en mouvement aux couleurs foisonnantes. Conçues comme des systèmes autonomes, elles développent de nombreux liens avec l’art conceptuel et performatif des années 1960 et 70 mais encore davantage avec les Oulipiens.1
Channa Horwitz a travaillé dans un isolement et un anonymat relatif pendant des années. À la fin de sa vie, son travail a été largement reconnu et notamment grâce à son engagement auprès d’une jeune génération d’artistes ayant émergé à une époque définie par les algorithmes et le code.
Channa Horwitz (1932–2013, Los Angeles) bénéficie jusqu’au 25 Mai d’une rétrospective au KW, Berlin. Elle a également été invitée avec Guy de Cointet et Henri Chopin à l’occasion de l’exposition en trio « A Void », à la Kunsthalle de Düsseldorf en 2013. Ses œuvres ont été exposées lors de grands événements internationaux tels que la Whitney Biennal (2014), la 55ème biennale de Venise (2013).
1. « In this regard, her work has much more in common with the work of conceptualists Sol LeWitt, Richard Kostelanetz, and Mel Bochner ; and still more in common with algorithmic language experiments conducted by George Perec, Harry Matthews, and other members of the famed French writing group, Oulipo ». Chris Kraus, A Void, Catalogue Kunsthalle de Düsseldorf en 2013